2019-nCoV : L’infection peut-elle être asymptomatique ?
C’est la toute dernière question posée par experts de la revue Nature concernant la propagation du virus : les personnes sans symptômes peuvent-elle infecter les autres ? Une question qui vient renforcer la difficulté d’estimer le « R0 » (ou taux de reproduction de base) qui évalue la contagiosité du virus soit le nombre moyen de personnes qu’une personne infectée peut à son tour infecter. Une préoccupation de plus qui vient s’ajouter à la propagation rapide du nouveau coronavirus : à ce jour, 27 janvier, la revue Nature fait état de plus de 2.700 cas confirmés d'infection, principalement en Chine continentale, et d’au moins 80 décès tous en Chine. Des cas ont également été confirmés à Taiwan, en Thaïlande, en Australie, Malaisie, Singapour, France, Japon, Corée du Sud, États-Unis, Vietnam, Canada et Népal. Les autorités chinoises prennent des mesures sans précédent et s’il n’existe aujourd’hui aucun traitement spécifique, des médicaments « anti-coronavirus » seraient néanmoins en cours d’étude chez l’animal.
Le virus 2019-nCov est décrit comme similaire à 80% au SRAS-CoV
Sur la transmission à partir de cas asymptomatiques : une étude d'un cluster de 5 infections dans une famille chinoise a ainsi identifié un enfant infecté par le virus mais ne présentant aucun symptôme. La propagation du virus à partir de tels cas asymptomatiques rendrait bien plus complexe le contrôle de l’épidémie. Une incertitude qui s’ajoute à celle des estimations du « R0 » liée à l’insuffisance et à l’évolution des données, aux différentes méthodes de calcul ou indirectement aux différentes mesures mises en œuvre pour endiguer l’épidémie.
L’origine du virus qui reste une pièce manquante du puzzle a également toute son importance. Certains chercheurs soutiennent l’hypothèse que le serpent pourrait être un réservoir possible du coronavirus, cependant les recherches se poursuivent pour identifier précisément les animaux chez lesquels l'épidémie a commencé. En effet, de nombreux scientifiques affirment qu'il n'y a aucune preuve qu’un coronavirus de ce type puisse infecter des espèces autres que les mammifères et les oiseaux.
Vers un traitement ? Rappelons qu’il n’existe actuellement pas de traitement spécifique de l’infection à 2019-nCov. Le traitement actuel des patients infectés est donc symptomatique. Un expert des coronavirus, Rolf Hilgenfeld de l'Université de Lübeck (Allemagne) travaille depuis l'épidémie de SRAS de 2002-2003 au développement de médicaments contre les coronavirus et souhaite tester 2 composés sur des modèles animaux à Wuhan. Le virus 2019-nCov est décrit comme similaire à 80% au SRAS-CoV et les candidats en cours vs SRAS-CoV vont contribuer à la recherche sur les médicaments contre 2019-nCov. Ces candidats médicaments à un stade précoce ne sont pas prêts à être utilisés chez l'homme, a précisé le chercheur, qui souhaite commencer au plus vite les tests chez l’animal. L'Agence chinoise des produits pharmaceutiques qui a approuvé le 26 janvier 4 nouveaux produits (kits de tests réactifs et système de séquençage du virus) pour le dépistage du nouveau coronavirus a annoncé qu’elle appliquerait également ces procédures d'approbation spéciales (fast track) pour les médicaments à venir permettant de lutter contre l'épidémie.
Des mesures sans précédent sont prises à Wuhan. Le gouvernement de la ville a commencé la construction d’un hôpital de 1.000 lits. L'hôpital mobile, d'une superficie de 25.000 mètres carrés, devrait être achevé avant le 3 février. Les approvisionnements en masques, nourriture et autres produits de première nécessité ont été renforcés : plus de 2 millions de masques et produits connexes devraient être fournis pour contrer la propagation du coronavirus. Enfin, 450 personnels médicaux militaires ont été mobilisés et sont déjà à l’œuvre à Wuhan.