ADA- SCID : Une thérapie génique qui mène à une rémission durable
Une décennie après l’arrivée des thérapies géniques, de nombreux enfants, nés avec un trouble immunitaire mortel, le déficit immunitaire combiné sévère (SCID) par déficit en adénosine désaminase (ADA) vivent en bonne santé, conclut ce bilan positif d’une équipe de généticiens de l'UCLA mené sur des patients traités pour ADA- SCID entre 2009 et 2012. Ces conclusions, présentées dans la revue Blood, apportent l’exemple d’une thérapie génique efficace, aux effets durables et exempte d’effets indésirables sévères, avec à la clé des promesses pour le traitement de nombreux autres troubles immunitaires mortels.
Le déficit immunitaire combiné sévère (DICS) par déficit en adénosine désaminase (ADA) -ou ADA-SCID pour Adenosine deaminase deficiency- severe combined immunodeficiency-, est causé par des mutations du gène qui crée l'enzyme ADA, une enzyme essentielle au bon fonctionnement du système immunitaire. Pour les bébés atteints de la maladie, l'exposition aux germes « du quotidien » peut être fatale et, en l’absence de traitement, la plupart des enfants meurent au cours des 2 premières années de vie.
Il y a plus d'une décennie, ces cliniciens-chercheurs de l'Université de Californie Los Angeles commençaient tout juste à tester cette thérapie génique pionnière développée pour traiter les enfants nés avec une maladie rare et mortelle du système immunitaire. L’analyse des résultats de santé actuels de ces enfants, confirme une efficacité durable de la thérapie.
Un taux de rémission de 90 % à 8 à 11 ans
C’est le constat effectué chez les enfants traités avec la « nouvelle » thérapie génique. A ce jour, 90% sont toujours exempts de la maladie.
La thérapie génique documentée dans l’article est basée sur le prélèvement de cellules souches hématopoïétiques de la moelle osseuse de chaque enfant, dont l’ADN est modifié par thérapie génique via un virus spécialement modifié, avec des copies saines du gène ADA. Ces cellules souches modifiées sont ensuite greffées dans la moelle osseuse des enfants. La thérapie incite ainsi le corps à produire à nouveau des cellules immunitaires saines capables de combattre les infections. Parce que les cellules souches transplantées sont autologues (celles du bébé), il n'y a aucun risque de rejet.
10 enfants greffés, 9 en rémission : sur les 10 enfants qui ont reçu la thérapie génique, dans le cadre d'un essai clinique de phase II entre 2009 et 2012, et qui alors étaient encore bébés, 9 sont toujours en rémission sans progression. Les auteurs ont pu observer l’efficacité de la thérapie cours des premières années et aujourd’hui, ils constatent à nouveau que
« la thérapie fonctionne mais maintenant depuis plus de 10 ans ».
Le Dr Kohn, auteur principal de l'étude et membre du Regenerative Medicine and Stem Cell Research à l’UCLA, ajoute : « Nous espérons tous qu’un jour, nous pourrons dire que la thérapie fonctionne durant 80 ans », ou durant toute la durée de la vie …
Une option qui reste à approuver : si la thérapie n’a pas encore reçu l’approbation de l’Agence américaine FDA, elle représente d’ores et déjà une option pleine d’espoir pour les enfants atteints de ce trouble et pour leur famille. Car à l’heure actuelle, les enfants atteints doivent recevoir, 2 fois par semaine, des injections d’ADA ou alors recevoir une greffe de cellules souches issues de moelle osseuse compatible.
- Alors que le seul participant dont la fonction immunitaire n'a pas été restaurée par le traitement était le plus âgé (15 ans), l’essai suggère aussi que l’efficacité de la thérapie dépend de sa précocité. Les 9 autres enfants, traités avec succès, sont restés en suffisamment bonne santé pour ne pas avoir besoin de traitement enzymatique ou de greffe de moelle osseuse au cours des années qui ont suivi.
- chez de nombreux enfants traités, les chercheurs constatent -des années plus tard- près de cent fois plus de cellules souches hématopoïétiques contenant le gène ADA corrigé que d'autres, ainsi que plus de copies du gène dans chaque cellule. Les participants présentant plus de copies du gène ADA dans plus de cellules sont aussi ceux qui ont la meilleure fonction immunitaire ; les chercheurs estiment que pour aboutir à de tels résultats, il s’agit de corriger plus de 5 à 10 % des cellules souches hématopoïétiques de chaque patient ;
- dans d'autres thérapies géniques, il avait été constaté que dans certaines cellules souches traitées, la thérapie perturbait les gènes impliqués dans la croissance cellulaire , mais, dans cet essai, ce n’est le cas d’aucun des patients.
Une nouvelle thérapie génique ADA-SCID utilisant un type de virus différent pour délivrer le gène ADA, encore moins susceptible d'affecter les gènes de croissance est néanmoins en cours de développement et de test : la nouvelle approche a ainsi traité avec succès 48 des 50 bébés lors d'essais cliniques menés à l'UCLA, à l'University College de Londres (UCL) et aux National Institutes of Health (NIH).
Cette nouvelle thérapie est donc déjà en l’état un grand succès et marque une étape importante dans la prise en charge de ce type de troubles immunitaires mortels.