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ADDITIFS ALIMENTAIRES : Le dioxyde de titane lié à la cancérogenèse colorectale

Actualité publiée il y a 7 années 11 mois 4 jours
EFSA, INRA, Scientific Reports

Cosmétiques, crèmes solaires, peintures et matériaux de construction, le dioxyde de titane (E171) est partout dans les produits de grande consommation. On en trouve ainsi des microparticules dans les bonbons, des produits chocolatés, biscuits et chewing-gums, ainsi que dans des compléments alimentaires, mais aussi dans certains dentifrices et produits pharmaceutiques. Une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) en collaboration avec d’autres instituts révèle aujourd’hui, dans l’EFSA Journal, que le E171 pénètre la paroi de l’intestin, se retrouve dans l’organisme, entraînant non seulement des troubles du système immunitaire mais également, en cas d’exposition orale chronique des lésions prénéoplasiques dans le côlon. Des données qui justifient une étude de cancérogénèse et une nouvelle évaluation du risque de l’additif E171 pour l’Homme.

Des chercheurs de l'Inra, en collaboration avec des équipes de l'Anses, du CEA-Université Grenoble-Alpes, du Synchrotron SOLEIL et du Luxembourg Institute of Science and Technology ont étudié les effets d'une exposition orale au dioxyde de titane, un additif alimentaire (E171) utilisé de façon courante. Ils montrent chez l'animal que le E171 pénètre la paroi de l'intestin et se retrouve dans l'organisme. Ils constatent également chez l'animal des troubles du système immunitaire liés à l'absorption de la fraction nanoparticulaire de l'additif et en cas d'exposition orale chronique des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40% des animaux exposés. Les lésions induites expérimentalement avant exposition se trouvent aggravées en cas de nouvelles expositions.


Des lésions prénéoplasiques dans le côlon : les chercheurs ont exposé oralement des rats à une dose de 10 mg par kilogramme de poids corporel de E171 chaque jour, soit un niveau d'exposition équivalent à l'exposition alimentaire humaine. Ils constatent que :

-le dioxyde de titane est absorbé par l'intestin et passe dans la circulation sanguine,

-des particules de dioxyde de titane sont retrouvées dans le foie des animaux, dans la paroi de l'intestin grêle et du côlon,

-la réponse immunitaire intestinale est perturbée,

-des nanoparticules de dioxyde de titane se logent dans le noyau des cellules immunitaires des plaques de Peyer, un site inducteur des réponses immunitaires dans l'intestin,

-un effet micro-inflammatoire dans la muqueuse du côlon, avec une augmentation de la capacité des cellules immunitaires à produire des cytokines pro-inflammatoires,

-des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40% des animaux exposés.

De nouvelles évaluations sont nécessaires : aujourd'hui, le E171 n'est pas soumis à l'étiquetage « nanomatériau » puisqu'il n'est pas composé à plus de 50% de nanoparticules (en général 10 à 40%), souligne le communiqué de l'INRA. Une évaluation du risque a été réalisée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) pour une exposition par inhalation au dioxyde de titane (exposition professionnelle) ; elle a conduit au classement dans le groupe 2B, c'est-à-dire cancérigène possible pour l'Homme. Cette nouvelle préoccupation sur l'exposition orale au E171, en particulier chez l'enfant, justifie une nouvelle évaluation du risque de l'additif E171 pour l'Homme.


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