ADIPOSITÉ : L’action perte de poids du froid varie avec l’heure de la journée
Le lien complexe entre l’horloge biologique, le métabolisme et l’obésité est de mieux en mieux documenté au fil des études. On sait aussi que des facteurs qui poussent le corps à consommer ses réserves d’énergie, comme la restriction alimentaire, la pratique de l’exercice et le froid ont des effets sur le stockage des graisses et l’adiposité. Cette étude menée au Centre médical universitaire de Leiden (Pays-Bas) et présentée lors du Congrès européen sur l’Obésité, ECO2023, révèle que la quantité de graisse brûlée par l'exposition au froid dépend de l’heure de la journée. Cette nouvelle donnée ajoute aux preuves du rôle clé de l’horloge dans la santé cardiométabolique.
Ainsi, une exposition, même à court terme à des températures froides active la graisse brune qui brûle des calories. La piste du tissu adipeux brun (BAT) est ainsi devenue une cible attrayante pour promouvoir la santé cardiométabolique. La graisse brune est un type distinct de graisse qui est activé en réponse aux températures froides. Son rôle principal est de produire de la chaleur pour maintenir la température corporelle et cette action est possible en brûlant des calories, en particulier des graisses. Cette recherche apporte une précision clé : cette réponse biologique diffère selon l'heure de la journée.
En synthèse, l'exposition au froid le matin semble être le meilleur moment pour augmenter le métabolisme des graisses, au bénéfice de la santé métabolique.
Chez les hommes, mais peut-être pas chez les femmes ?
L'étude suggère précisément que l'exposition au froid le matin peut être plus efficace que le soir pour stimuler le métabolisme et brûler les graisses, chez les hommes, mais peut-être pas chez les femmes.
Chez l’animal et chez les rongeurs, les études ont montré que l'activité métabolique de la graisse brune fluctue tout au long de la journée et atteint son maximum juste avant le réveil. Cela a un sens biologique car la production de chaleur provenant de la digestion et de l'activité des aliments diminue pendant la nuit et le réveil nécessite que le corps augmente sa température corporelle. Mais ces données ne valent probablement chez l'Homme et on ignore si elles diffèrent chez les hommes et les femmes.
Chez les hommes : l’auteur principal, le Dr Boon, de l’Université de Leiden explique les principaux résultats : « le moment optimal pour subir une exposition au froid se situe à un moment précis du cycle de 24 heures de l'organisme. Il semble y avoir une différence entre les sexes dans la façon dont le corps réagit à l'exposition au froid en ce qui concerne la stimulation du métabolisme à un moment donné. Ainsi notre étude suggère qu’une thérapie d'exposition au froid, puisse être plus bénéfique le matin que le soir pour les hommes ».
Précisément, l’étude menée auprès de 24 adultes maigres : 12 hommes et 12 femmes, âgés de 18 à 31 ans avec IMC de 18-26 kg/m² les a invités à suivre une thérapie d’exposition au froid personnalisée de 2,5 heures en utilisant des matelas remplis d'eau le matin (7h45) et le soir (19h45), dans un ordre aléatoire. La température de l'eau a été abaissée progressivement jusqu'à la survenue de frissons ou jusqu'à l’atteinte d’une température de 9°C. Les participants ont ensuite été exposés à un froid stable pendant 90 minutes supplémentaires. Les chercheurs ont mesuré la dépense énergétique (par calorimétrie indirecte) à 4 reprises au cours de l'expérience de refroidissement. L'analyse révèle que :
- chez les hommes, la dépense énergétique induite par le froid et la température de la peau (tous deux un indicateur de l'activité de la graisse brune) est plus élevée le matin que le soir.
- Chez les femmes, cette dépense énergétique induite par le froid et la température de la peau ne diffère pas entre le matin et le soir ;
- les femmes s’avèrent également plus tolérantes au froid le matin que le soir ;
- chez les femmes enfin, les concentrations circulantes d'acides gras libres, de triglycérides et de cholestérol sont plus élevées après une exposition au froid le matin que le soir.
Si ce n’est qu’une première étape dans la compréhension du métabolisme du tissu brun, ces expériences confirment a minima, les effets du rythme circadien sur les effets de l'exposition au froid et plus largement sur le métabolisme des graisses. Il faudra étudier si des épisodes répétés d'exposition au froid le matin -ou des traitements de substitution induisant des effets similaires- peuvent permettre d’améliorer la santé cardiométabolique chez les personnes obèses.
Quoiqu’il en soit, l’efficacité de ce type de thérapies (ou chronothérapie) apparaît dépendre de l’horloge du métabolisme des lipides.
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