ALCOOL : Boire juste un peu pour "déstresser" ?
Une consommation modérée d’alcool peut calmer les signaux de stress dans le cerveau et apaiser le rythme cardiaque, souligne cette recherche présentée à la session 2021 de l’American College of Cardiology. L’idée de cette équipe du Massachusetts General Hospital (MGH) n’est pas d’encourager à consommer mais plutôt d’exploiter ce mécanisme pour développer de nouvelles thérapies anti-stress- sans les inconvénients de l'alcool.
Ici, la consommation modérée d'alcool est définie comme pas plus d'une boisson alcoolisée par jour pour les femmes et 2 pour les hommes. Cette consommation modérée s’avère en pratique associée à un risque réduit de décès cardiovasculaire, vs l’abstinence totale ou une consommation excessive. C'est la première étude à montrer que la consommation modérée d'alcool peut être protectrice pour le cœur et à décrypter par imagerie le mécanisme sous-jacent.
Une réduction des signaux de stress au cerveau, moins de pression sur le cœur
Il s’agit de l’analyse des données de la Mass General Brigham Biobank health care survey menée auprès de 53.064 participants, âgés en moyenne de 57 ans et à 60% des femmes. La consommation d’alcool a été auto-évaluée et considérée comme faible (<1 verre / semaine), modérée (1 à 14 verres / semaine) ou élevée (> 14 verres / semaine). Les événements cardiovasculaires majeurs, dont les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou les hospitalisations associées, ont été recensés à l'aide de codes de diagnostic dans les registres. 752 participants ont passé des scans qui ont permis aux chercheurs de mesurer objectivement l'activité dans des zones du cerveau connues comme impliquées dans le stress, dont l'amygdale et le cortex frontal. Sur les 53.064 participants,
- 15% ont subi un événement cardiovasculaire majeur ;
- 17% dans le groupe à faible consommation d'alcool ;
- 13% dans le groupe à consommation modérée d'alcool ;
- les participants déclarant une consommation d'alcool modérée ont un risque réduit de 20% d’événement cardiaque majeur, vs faible consommation d'alcool ;
- ces mêmes participants présentent également une activité cérébrale plus faible liée au stress. Ces résultats valent même après prise en compte des facteurs de confusion possibles (variables démographiques et socio-économiques, facteurs de risque cardiovasculaire, facteurs psychologiques notamment).
Ainsi, l'activité cérébrale liée au stress est plus élevée chez les non-buveurs que chez les personnes qui boivent modérément, alors que celles qui consomment de l’alcool en excès (plus de 14 unités par semaine) présentent le niveau le plus élevé d'activité cérébrale liée au stress. « Notre conclusion est que
des quantités modérées d'alcool peuvent avoir des effets bénéfiques sur le cerveau ».
Une consommation d’alcool modérée peut « aider à vous détendre, à réduire le niveau de stress et, peut-être grâce à ces mécanismes, réduire l'incidence des maladies cardiovasculaires », écrivent les chercheurs dans leur communiqué. Cependant, ils précisent aussi ne pas vouloir encourager la consommation d'alcool mais plutôt développer de nouvelles thérapies sur le même modèle d’action. Ensuite, de nombreuses thérapies ou mesures de mode de vie peuvent aussi réduire le stress, comme la pratique régulière de l’exercice, du yoga ou de la méditation.
Une consommation modérée d'alcool a un impact bénéfique sur la connexion cerveau-cœur : cependant, l'alcool a plusieurs effets secondaires importants, dont le risque accru de cancer, de lésions hépatiques et de dépendance, donc les autres interventions seront à préférer ! Une autre étude, présentée à l’ACC confirme ainsi un effet similaire de l'exercice sur l'activité cérébrale ainsi que sur l'incidence des maladies et des événements cardiovasculaires.
Une autre étude serait nécessaire pour confirmer que les réductions observées de l'activité cérébrale sont bien le résultat direct de la consommation modérée d'alcool mais ces données sont cohérentes avec les conclusions de précédentes recherches, dont certaines menées par la même équipe, qui suggéraient déjà une association robuste entre une activité de l’amygdale accrue et un risque plus élevé de résultats cardiovasculaires indésirables.
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