ALCOOL: Le gène qui limite l'envie de boire
L’envie de boire a sa signature génétique, concluait une récente étude*. Dans le même esprit, cette nouvelle recherche internationale identifie un gène bien spécifique qui limite le désir de boire de l'alcool : Une variante du gène β-Klotho, déjà lié à la régulation de la consommation sociale d'alcool. Ce variant présent chez environ 40% de la population est associé à un désir diminué de boire de l'alcool. Des travaux présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine qui désignent en fin de compte une voie et un mécanisme biologique, qu’il serait possible de cibler afin de réduire la consommation d'alcool.
Les chercheurs de l'Université du Texas Southwestern Medical Center (Dallas) identifient cette précieuse variante via une très large méta-analyse d'études génomiques et comparé les profils génétiques au total de plus de 105.000 buveurs sociaux, « légers et lourds » vs non buveurs.
- La consommation excessive d'alcool a été définie comme la consommation de plus de 21 verres par semaine pour les hommes et de plus de 14 verres par semaine pour les femmes.
- La consommation d'alcool légère a été estimée à 14 boissons ou moins par semaine pour les hommes et 7 boissons ou moins par semaine pour les femmes.
- Une boisson était l'équivalent d'un petit verre ou du vin, ou une demi-pinte de bière.
Une variation dans le gène β-Klotho lié à la régulation de la consommation d'alcool social : la méta-analyse génomique identifie une variante génétique du gène β-Klotho liée à une diminution du désir d'alcool. Donc, les gens qui ont cette variante ont tendance à boire moins que ceux qui n'en ont pas, dit-il. Dans cette étude, la fréquence de la variante réduisant la consommation d'alcool chez les participants, s'élève à 42%.
Une hormone du foie essentielle dans la réponse à l'alcool : l'équipe avait précédemment travaillé sur β-Klotho et le facteur de croissance des fibroblastes 21 (FGF21). Le gène β-Klotho code pour la protéine β-Klotho qui fait partie d'un complexe dans le système nerveux central (le cerveau et la moelle épinière) avec des récepteurs classiques pour FGF21, une hormone produite dans le foie. Le gène semble fonctionner via un circuit de rétroaction qui part du foie qui transforme l'alcool, va au cerveau, où β-Klotho et les récepteurs FGF21 forment un complexe récepteur, β-Klotho-FGF21, qui se lie à l'hormone FGF21 du foie pour réguler la réponse à l'alcool.
Les chercheurs poursuivent ici avec des expériences chez la souris pour mieux comprendre le rôle du β-Klotho dans le comportement alcoolique. Pour mieux comprendre le fonctionnement du gène, l'équipe propose à des souris génétiquement privées de β-Klotho de l'alcool ou ben de l'eau. Les souris génétiquement modifiées vont préférer l'alcool même quand elles ont reçu l'hormone FGF21, ce qui suggère que la capacité de FGF21 à supprimer la préférence pour l'alcool dépend de la présence de β-Klotho. En conclusion, ces expériences suggèrent que FGF21 exige β-Klotho dans la voie de signalisation qui supprime la consommation d'alcool.
« C'est une hormone avec des effets pharmacologiques remarquables », concluent les auteurs qui identifient ainsi un mécanisme qu'il semble possible de cibler afin de réduire la consommation d'alcool.L'étude pourrait conduire au développement de médicaments pour réguler la consommation d'alcool soit par thérapie génique ou pharmacogénétique via la variante de β-Klotho, soit en favorisant les niveaux de FGF21. Le passage d'une consommation sociale d'alcool lourde à modérée aurait bien évidemment d'énormes implications en santé publique, dont la réduction des risques de maladies cardiovasculaires.
Nov, 2016 doi: 10.1073/pnas.1611243113 KLB is associated with alcohol drinking, and its gene product β-Klotho is necessary for FGF21 regulation of alcohol preference
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