ALCOOL : Quelques verres vraiment efficaces contre les symptômes dépressifs ?
On dit que certains ont « l’alcool gai » et d’autres « triste, mais quel est le véritable effet de la consommation d’alcool sur l’humeur et le mental ? Est-ce que boire de l'alcool fait vraiment disparaître les symptômes dépressifs ? Cette équipe de l’Université de Chicago répond de manière plus scientifique à la question : l’’étude, publiée dans l’American Journal of Psychiatry révèle que les gros buveurs souffrant de dépression ressentent la même euphorie que ceux qui ne souffrent pas de dépression, ce qui contredit la croyance de longue date selon laquelle le plaisir ou la récompense diminuent avec la dépendance. Cependant, l’effet sur les sentiments négatifs reste extrêmement modeste.
Les effets de l'alcool sur le cerveau sont complexes, et une meilleure compréhension des facteurs qui affectent la vulnérabilité à l’alcoolodépendance mais aussi à la dépression et surtout à l’alcoolodépendance et à la dépression combinées, est essentielle pour identifier et initier un traitement précoce et efficace. Peu d'études ont examiné la façon dont les personnes atteintes d’alcoolodépendance et d'un autre diagnostic de santé mentale ajoute à la complexité du diagnostic et de la prise en charge.
Cette nouvelle recherche révèle, à contre-courant, que l’alcool apporte sa récompense, aux personnes souffrant de dépression comme aux personnes qui n’en souffrent pas. Par ailleurs, l’ivresse induit, de manière temporaire, des niveaux élevés de stimulation et de plaisir, similaires chez les buveurs dépressifs ou ne souffrant pas de dépression. Des résultats a priori peu pédagogiques et qui contredisent aussi la croyance de longue date selon laquelle le plaisir que les gens éprouvent en buvant de l'alcool diminue avec leur dépendance. Cependant,l'alcool ne réduit que très modestement les symptômes dépressifs.
La recherche qui remet en question les notions conventionnelles sur les effets de l’alcool chez les personnes déprimées pourrait améliorer les approches thérapeutiques en ciblant davantage les voies de récompense du plaisir lié l’alcool plus que les voies de la dépression et du stress. « Actuellement, le traitement se concentre souvent sur la résolution du stress et des symptômes de la dépression, mais cela consiste à ne s'attaquer qu'à un seul aspect de la question. Il s’agit aussi et surtout de cibler l’effet de stimulation, de plaisir et de dépendance », explique l’auteur principal, le Dr Andrea King, professeur de psychiatrie et de neurosciences à l’UChicago.
S’attaquer prioritairement à l’alcoolodépendance, même chez les buveurs dépressifs
« Nous avons cette idée fausse selon laquelle les gens boivent excessivement lorsqu’ils se sentent déprimés et que leur consommation est une sorte d’automédication », ajoute le chercheur.
L’étude menée dans la vraie vie, à l’aide de smartphones, auprès de 232 participants, âgés de 21 à 35 ans, atteints de troubles liés à la consommation d’alcool et, pour certains atteints de dépression, révèle que :
- les participants atteints de dépression ressentent des effets positifs et gratifiants aigus et durables de l’alcool, de la même manière que leurs homologues non déprimés ;
- la consommation d'alcool réduit les sentiments négatifs, bien que cette réduction soit modeste ; mais en tout état de cause, l’effet n’est pas spécifique à l’existence d’un état dépressif ;
- cependant, les effets positifs de l'alcool se révèlent, à nouveau contre toute attente plus élevés chez les personnes atteintes d’alcoolodépendance, mais similaires chez les participants atteints de trouble dépressif majeur et de dépression et chez ceux qui n'en souffraient pas.
En conclusion, ces résultats remettent en question la théorie selon laquelle la dépendance à l'alcool résulte de la tentative du cerveau de maintenir la stabilité malgré une consommation excessive d'alcool répétée. Cette théorie décrit un « côté obscur de la dépendance » où la consommation excessive d'alcool répétée au fil du temps entraîne des changements dans les systèmes cérébraux impliqués dans le stress et la récompense. La récompense semble perdurer...
Les personnes atteintes d’alcoolodépendance boivent pour se soigner elles-mêmes et se sentir mieux mais il semble qu’en dépit de niveaux élevés de stimulation la diminution des états mentaux négatifs reste modeste.
Il semble donc exister une sensibilité à long terme aux effets agréables de l’alcool, tout comme dans cette étude le montre chez les buveurs déprimés, ou pas.
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