ALCOOLODÉPENDANCE : Les 3 gènes qui prédisent le succès de la naltrexone
3 gènes prédisent le succès de la naltrexone dans le traitement de la dépendance à l'alcool, conclut cette équipe de l’Université de Caroline du Sud qui montre, avec ses travaux publiés dans la revue Alcoholism Clinical and Experimental Research, que la variation de seulement 3 gènes cérébraux prédit l'efficacité de ce traitement des troubles liés à la consommation d'alcool. De ces résultats au développement d'un test génétique prédictif de la réponse au traitement, il n'y a qu'un pas.
Ainsi, une analyse et la prise en compte de la génétique d'un patient pourrait permettre d’informer les cliniciens sur les options médicamenteuses les plus efficaces pour chaque patient, à contrôler le « craving » et à traiter l’alcoolodépendance. Un résultat important, alors que parmi les millions de personnes aux prises avec un trouble lié à la consommation d'alcool, seuls 20% reçoivent un traitement. En partie, parce que les médicaments ne fonctionnent pas aussi bien pour tous les patients, précise l’auteur principal, le Dr Raymond Anton, directeur scientifique du Charleston Alcohol Research Center.
De nombreux patients alcoolodépendants pourraient bénéficier d'une approche médicale personnalisée
L’équipe explique qu’un test génétique relativement simple pour identifier les variations de seulement 3 gènes cérébraux permettrait en effet de prédire quels patients vont bénéficier le plus de la naltrexone, un traitement de l'alcoolisme chronique. Lors de précédentes études, l’équipe avait déjà montré que certains médicaments ciblant des substances chimiques spécifiques du cerveau permettent de réduire jusqu'à un tiers le taux de rechute chez ces patients.
Traiter les facteurs comportementaux mais aussi les composants biologiques / cérébraux du problème : la naltrexone, un médicament utilisé au départ contre la toxicomanie approuvé par la Food and Drug Administration (FDA), cible une seule protéine dans le cerveau, le récepteur mu-opioïde. Lorsque ce récepteur est activé par un produit chimique de type opioïde produit en interne ou consommé, le récepteur mu-opioïde signale une expérience positive. Boire de l'alcool libère des opiacés naturels dans le cerveau qui activent ce récepteur mu-opioïde. La naltrexone bloque le récepteur mu-opioïde pour empêcher le processus de récompense et le plaisir de boire de l'alcool. Ainsi, le médicament peut réduire l'envie de consommer.
Le gène qui produit la protéine du récepteur mu-opioïde dans le cerveau n'est pas le même chez tous les patients. L’équipe examine ici l'influence d'une petite variation génétique qui se traduit par une légère différence dans la structure de la protéine du récepteur mu-opioïde. Cette légère différence n'affecte pas la façon dont les gens se comportent dans des situations normales, mais elle induit une différence subtile dans le degré d’activation du récepteur mu-opioïde avec la consommation l'alcool, une variante entraînant une réponse plus marquée que l'autre.
Une différence subtile dans la chimie du cerveau qui peut affecter l'efficacité de la naltrexone chez un patient : les chercheurs montrent cependant que la variation de ce seul gène ne permet pas de prédire pleinement dans quelle mesure un patient va répondre au médicament.
« Cette différence dans la séquence du gène du récepteur mu-opioïde est importante, mais ce n'est pas un prédicteur suffisamment puissant ».
Alors que la naltrexone cible bien ce récepteur mu-opioïde spécifique, les chercheurs ont donc émis l'hypothèse que les autres substances chimiques du cerveau pouvant influencer le récepteur mu-opioïde pourraient également influencer la réponse au médicament. Parmi ces substances, la dopamine qui régule un autre système de signalisation de récompense et de plaisir dans le cerveau et interagit souvent avec le système opioïde :
la quantité de dopamine présente peut influencer le récepteur mu-opioïde et donc l'efficacité de la naltrexone. Les 2 gènes de traitement de la dopamine peuvent eux-aussi présenter de petites variations spécifiques qui se traduisent par de légères différences dans la force de la récompense ou de la signalisation du plaisir après la consommation d'alcool.
La preuve chez 146 patients : le génotypage chez ces patients atteints de troubles liés à la consommation d'alcool en quête de traitement pour les variations sélectionnées du gène du récepteur mu-opioïde et des 2 gènes de traitement de la dopamine montre que seuls les patients présentant certaines combinaisons de variations génétiques bien spécifiques réduisent leur consommation d'alcool avec le traitement par naltrexone.
Pour bénéficier au maximum de la naltrexone, le patient doit « dans l’idéal » porter ces variations génétiques : la découverte implique un génotypage des patients avant le traitement par naltrexone.
Actuellement, il n’existe pas de test génétique standard
pour tester la réponse médicamenteuse d'un patient dans le traitement de l'alcoolisme / toxicomanie.
L’équipe travaille au développement d’un tel test de détection des variantes des trois gènes permettant de prédire l'efficacité de la naltrexone. C'est la première étape de ce qui pourrait être une gamme plus large de tests génétiques pour d'autres types de dépendances.
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