ALLAITEMENT MATERNEL : Il apporte les protéines essentielles à l’immunité du bébé
Certaines protéines du lait maternel sont essentielles à la santé intestinale du bébé, confirme cette étude d’une équipe de l’Institut de nutrition infantile de Pékin, publiée dans la revue Frontiers in Microbiology. La concentration de protéines clés dans le lait maternel prédit de manière dose-dépendante l'abondance de microbes bénéfiques dans l'intestin du nouveau-né.
Ce sont plus de 320 millions d’années d’évolution qui ont permis d’adapter le lait maternel pour répondre à tous les besoins physiologiques des bébés : le lait maternel contient non seulement des nutriments, mais aussi des hormones, des agents antimicrobiens, des enzymes digestives et des facteurs de croissance. De nombreuses protéines présentes dans le lait maternel, dont la caséine et les protéines membranaires des globules gras du lait (MFGM : milk fat globule membrane), ne sont pas seulement des sources d’énergie et des éléments constitutifs moléculaires, mais stimulent également directement l’immunité.
Le microbiome intestinal, composé de bactéries, d’archées et de champignons, joue un rôle essentiel dans la régulation du système immunitaire. Ainsi, la fonction immunitaire des protéines du lait maternel pourrait être double, une stimulation du système immunitaire mais aussi une régulation de l’abondance des microbes intestinaux qui forment le microbiote de l’enfant et ont un impact sur son immunité.
Les protéines du lait maternel régulent l’immunité médiée par le microbiote
L’étude a regardé l'association entre la composition protéique du lait maternel de 23 mères chinoises, évaluée par chromatographie liquide ultra-performante et par spectrométrie de masse et la diversité et l'abondance de microbes intestinaux bénéfiques dans les selles de leurs nourrissons, évaluées par séquençage de l'ARNr et PCR. L’équipe s’est concentrée sur 9 protéines du lait en particulier, dont l’ostéopontine, la lactalbumine et la κ-caséine, car ces protéines sont reconnues comme bénéfiques au développement des nourrissons. Ces analyses révèlent que :
- la concentration de protéines dans le lait maternel est de 1,6 % 42 jours après l'accouchement et de 1,2 % 3 mois après l'accouchement ;
- les protéines les plus abondantes sont la caséine, l’α-lactalbumine et la lactoferrine ;
- à l'exception de l'immunoglobuline A (un anticorps important pour la fonction immunitaire des muqueuses), la concentration de toutes les protéines est réduite, de 42 jours à 3 mois après l'accouchement ;
- le microbiome intestinal des bébés est principalement composé des genres bactériens Bifidobacterium, Escherichia, Streptococcus et Enterobacter ;
- les associations les plus fortes avec les concentrations de protéines du lait maternel sont identifiées pour 2 espèces de bactéries bénéfiques relativement rares dans le microbiome intestinal des bébés : Clostridium butyricum et Parabacteroides distasonis ;
-
ces 2 bactéries sont utilisées comme probiotiques chez les humains
(et pour les animaux domestiques).
- Ainsi, la variation de la concentration de κ-caséine dans le lait maternel explique en grande partie la variation de l'abondance de C. butyricum dans l'intestin du bébé ; la variation de la concentration d'ostéopontine explique en grande partie la variation de l'abondance de P. distasonis. Or, C. butyricum régule l’homéostasie intestinale et combattre les maladies inflammatoires de l’intestin et P. distasonis est connue pour son rôle de prévention contre le diabète, le cancer colorectal et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
La première preuve de cette fonction de régulation de l’immunité via les protéines du lait maternel : les chercheurs démontrent en effet que la variation de la composition du lait maternel entre les mères permet ainsi d’expliquer en grande partie la variation des microbiotes des bébés, mais donc aussi de leurs « bonnes » bactéries, avec des implications sur la fonction immunitaire de leur microbiome intestinal.
- la concentration de certaines protéines du lait maternel humain prédit l'abondance de micro-organismes intestinaux spécifiques chez les nourrissons
L’auteur principal, le Dr Ignatius Man-Yau Szeto, co-auteur principal commente ces résultats :
« certaines protéines spécifiques présentes dans le lait maternel peuvent influencer l'abondance de certains microbes intestinaux chez les nourrissons,
jouant ainsi un rôle important dans le développement immunitaire et métabolique précoce ».
Il « reste » à confirmer la relation de cause à effet, avec de futures études de cohorte et essais cliniques, où le lait maternel ou le lait maternisé seraient enrichis de protéines « fonctionnelles ».
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