ALZHEIMER : Ces comorbidités qui faussent le diagnostic
Certaines comorbidités peuvent augmenter les niveaux de biomarqueurs plasmatiques associés à la maladie d'Alzheimer, soulignent ces biologistes du Wake Forest Baptist Medical Center (Caroline du Nord), qui jettent un doute important sur la fiabilité des tests sanguins en cours de développement pour le diagnostic précoce de la maladie. Ainsi, la perspective d’un simple test sanguin pour diagnostiquer la maladie, peut-être même des années avant l'apparition des symptômes, est une possibilité séduisante, mais cette étude, oubliée dans la revue Nature Medicine révèle de nouveaux défis à surmonter, avant de pouvoir disposer de tests fiables en routine clinique.
On connaît les 2 caractéristiques de la maladie d'Alzheimer soient les enchevêtrements de tau et les plaques de bêta-amyloïde :
- Tau est une protéine présente dans les neurones du cerveau. Dans un cerveau sain, la protéine tau aide à transporter les nutriments dans les cellules nerveuses. Lorsqu'une forme anormale de tau s'accumule, des enchevêtrements de tau se forment.
- Les plaques bêta-amyloïdes sont des accumulations de fragments de protéines cérébrales, qui peuvent avoir également un impact nocif sur la cognition : ces plaques accélèrent les changements cérébraux qui conduisent à la maladie d'Alzheimer.
Les niveaux de Tau et de bêta-amyloïde peuvent être testés dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), qui est récupéré par ponction lombaire, ou par imagerie TEP du cerveau. Cependant, de nombreuses équipes sont à la recherche de tests moins invasifs, comme les tests sanguins.
A la recherche de biomarqueurs sanguins 100 % spécifiques
Des marqueurs sanguins seraient à l’évidence idéaux pour le dépistage et le diagnostic de la maladie d'Alzheimer car moins coûteux et moins invasifs, mais cela suppose de bien les valider dans différents groupes de population, explique l’auteur principal, le Dr Michelle Mielke, professeur d'épidémiologie à la Wake Forest University School of Medicine. 2 marqueurs sanguins en particulier, tau 181 et 217 phosphorylés (p-tau181 et p-tau217) ont été retenus car spécifiques de la maladie d'Alzheimer. Ces 2 marqueurs semblaient jusque-là adaptés à de nouveaux tests sanguins, cependant, l’équipe du Wake Forest viennent de découvrir que leurs niveaux dépendent aussi, d’autres maladies.
Toujours à la recherche de marqueurs exclusifs de toute autre maladie : ainsi, l’équipe révèle que des comorbidités comme les maladies rénales chroniques ou les antécédents d'accident vasculaire cérébral peuvent également augmenter leurs niveaux et donc induire des résultats faux-positifs : l’évaluation des niveaux de p-tau181 et p-tau217 chez 1.329 patients âgés de 30 à 98 ans et participant à la Mayo Clinic Study of Aging révèle que :
- ces 2 marqueurs augmentent avec l'âge,
- cependant l'augmentation concerne principalement les personnes amyloïdes positives, ce qui fournit une preuve supplémentaire que ces biomarqueurs sont spécifiques à la maladie d'Alzheimer et non à d'autres maladies neurodégénératives ;
- si p-tau181 et p-tau217 plasmatiques sont des prédicteurs d'amyloïde et de tau cérébraux élevés, les résultats ne sont pas aussi précis que ceux rapportés chez des patients vus dans des cliniques spécialisées ;
- en effet, de multiples comorbidités telles que la maladie rénale chronique, des antécédents d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral semblent également associées à des taux plasmatiques de p-tau plus élevés. Dans ces cas cliniques, l’association apparaît plus forte avec ces conditions sous-jacentes qu’avec la maladie d'Alzheimer…
La conséquence à destination de tous les collègues et chercheurs qui travaillent à ces développements est sans appel : « Avant d’adopter des biomarqueurs sanguins en utilisation clinique, il est essentiel que nous établissions des plages de référence et que nous comprenions que
les différences d'âge, le sexe et les comorbidités existantes peuvent modifier les résultats ».
« Davantage de recherches sont nécessaires auprès d’échantillons plus larges de patients appartenant à des populations plus diversifiées. Nous avons besoin de plus de données ».
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