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ALZHEIMER et COVID-19 : Un facteur de risque génétique en commun ?

Actualité publiée il y a 3 années 2 mois 2 semaines
Brain
Cette variante génétique du gène OAS1 pourrait ainsi augmenter le risque de maladie d'Alzheimer jusqu’à 6% en population générale, des variantes apparentées du même gène augmentant le risque de forme sévère et de complications de COVID-19 (Visuel Adobe Stock 142855037)

Cette étude pourrait expliquer pourquoi les plus âgés sont également à risque plus élevé de COVID-19. Alzheimer et COVID-19 partagent en effet un même facteur de risque génétique, un gène antiviral, identifié par une équipe de recherche britannique : cette variante génétique du gène OAS1 pourrait ainsi augmenter le risque de maladie d'Alzheimer jusqu’à 6% en population générale, des variantes apparentées du même gène augmentant le risque de forme sévère et de complications de COVID-19. Ces résultats, publiés dans la revue Brain, suggèrent de nouvelles cibles pour le développement de médicaments ou le suivi de la progression de la maladie d’Alzheimer comme de COVID-19, et même de mêmes médicaments possibles pour traiter les 2 maladies.

 

Le Dr Dervis Salih de l’University College London (UCL) Queen Square Institute of Neurology, auteur principal de l’étude explique qu’au-delà de ces nouvelles cibles, cette découverte met en évidence l'importance du système immunitaire dans la maladie d'Alzheimer. Car de mêmes changements du système immunitaire peuvent survenir à la fois dans la maladie d’Alzheimer et dans le COVID-19 : « Chez les patients atteints d'une forme sévère de COVID-19, il peut se produire également des changements inflammatoires dans le cerveau. Ce gène que nous identifions peut contribuer à la réponse immunitaire exagérée qui augmente le risque et la gravité des maladies d’Alzheimer et COVID-19 ».

Une expression plus faible du gène dans la microglie associée à la tempête de cytokines

Les chercheurs de l’UCL, de l’University of Nottingham, de la Cardiff University et de la Nottingham Trent University s’appuient ici sur de précédentes recherches menées à partir d'un vaste ensemble de données de génomes humains, pour identifier ce lien entre le gène OAS1 et la maladie d'Alzheimer.

 

Le gène OAS1 est exprimé dans la microglie, un type de cellule immunitaire qui constitue environ 10 % de toutes les cellules présentes dans le cerveau. Afin de préciser ce lien du gène avec la maladie d'Alzheimer, l’équipe a séquencé les données génétiques de 2.547 participants dont la moitié souffraient de la maladie d'Alzheimer. Une variation particulière, appelée rs1131454, du gène OAS1 s’avère associée à un risque plus élevé de 11 à 22% de maladie d'Alzheimer. De plus cette variante identifiée est courante :

un peu plus de la moitié des Européens en seraient porteurs,

et cette variante a un impact plus important sur le risque d'Alzheimer que plusieurs gènes de risque déjà connus. OAS1, un gène antiviral, s’ajoute ainsi à une liste de dizaines de gènes maintenant documentés pour affecter le risque d'Alzheimer.

 

4 variantes du même gène OAS1 - qui toutes atténuent on expression- augmentant le risque de maladie d'Alzheimer, augmentent également de 20% le risque d'avoir besoin de soins intensifs en cas de COVID-19. En d’autres termes ces 4 variantes sont associées à des formes plus graves de COVID-19.

 

OAS1, quel rôle exactement ? OAS1 est un gène antiviral qui contrôle la quantité de cellules immunitaires du corps libérant des protéines pro-inflammatoires. Les cellules de la microglie où le gène est exprimé plus faiblement ont une réponse exagérée aux lésions tissulaires, déclenchant la fameuse «tempête de cytokines», qui conduit à une réaction auto-immune incontrôlable. L'activité de l'OAS1 change avec l'âge, de sorte que des recherches plus approfondies sur le réseau génétique pourraient aider à comprendre pourquoi les personnes âgées sont plus vulnérables à la maladie d'Alzheimer, au COVID-19 et à d'autres maladies connexes liées à l’âge.

 

Un mécanisme moléculaire commun aux deux maladies, c’est donc bien ce que suggèrent ces travaux, avec, très probablement, des conséquences neurologiques à long terme du COVID aussi. Les chercheurs travaillent aujourd’hui, à partir de biomarqueurs sanguins et du LCR à préciser la neuroinflammation et les lésions des neurones.

Ces variantes génétiques pourraient même constituer un marqueur de risque de forme sévère chez les patients testés positifs au COVID : « nous espérons que nos recherches vont contribuer au développement d'un test sanguin de risque et de COVID sévère et de maladie d'Alzheimer », écrivent les chercheurs.