ANTIBIORÉSISTANCE : COVID-19 et baisse drastique des antibiotiques
La baisse drastique de la consommation d'antibiotiques en Europe observée ici en 2020 se poursuivra-t-elle tout au long de 2021 et ces prochaines années ? C'est probable. Quelles implications, très probablement positives seront celles de cette diminution spectaculaire sur la résistance aux antimicrobiens en Europe ? Cette étude menée par les experts d’ Eurosurveillance et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) révèle aujourd’hui la plus forte baisse annuelle de l'utilisation d'antibiotiques dans les 29 pays de l’UE, constatée ces 20 dernières années.
- Ainsi, de 2016 à 2019, la variation annuelle moyenne pondérée par la population en UE/EEE de la consommation d'antibactériens à usage systémique était de -0,34 doses quotidiennes pour 1.000 habitants par jour, ce qui représente une baisse annuelle de 1,8 % /1.000 habitants/jour soit une baisse annuelle de 2,3% ;
- entre 2019 et 2020, la baisse s’avère 10 fois plus élevée, avec une réduction de -3,35 doses quotidiennes /1.000 habitants/jour ;
- c’est une baisse de 18,3 % entre 2019 et 2020.
Aujourd’hui, 18 novembre, c’est la Journée européenne de sensibilisation aux antibiotiques
Cette baisse, la plus forte constatée au cours de ces 20 dernières années est de bon augure dans la lutte contre les résistances antimicrobiennes (RAM). Cette consommation d'antimicrobiens a été observée dans 26 des 27 pays déclarants de l'Union européenne et de l'Espace économique européen ( UE/EEE). L’analyse montre, en particulier,
- une baisse très importante dans le secteur des soins primaires, très probablement en raison de la pandémie de COVID-19.
- Une baisse globale de la consommation de pénicillines et de bêtalactamines (y compris les céphalosporines, les macrolides, les lincosamides et les streptogramines).
Pour quelles raisons ? Les causes possibles de la diminution pourraient être :
- une baisse générale du nombre de consultations de soins primaires pendant la pandémie de COVID-19 ;
- une incidence plus faible des infections des voies respiratoires non liées au COVID-19, en raison des mesures d’hygiène et barrières mises en œuvre.
Un effet bénéfique attendu ! Alors que des niveaux élevés d’exposition aux antibiotiques sont associés à l'émergence d'une antibiorésistance, cette baisse de consommation pourrait bien avoir un impact très positif sur la résistance aux antibiotiques. D’autant qu’avant la pandémie de COVID-19, le secteur des soins primaires représentait environ 80 à 90 % de toutes les prescriptions d'antibiotiques, principalement pour les infections des voies respiratoires…
La surveillance se poursuit sur 2021 ainsi que l’analyse des implications de cette diminution, avec de prochains résultats.
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