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ANTIBIORÉSISTANCE : Le test rapide qui révèle les bactéries rebelles

Actualité publiée il y a 7 années 1 mois 4 jours
Science Translational Medicine
Le test fonctionne selon le principe selon lequel les bactéries typiques reproduiront moins bien leur ADN dans une solution antibiotique sauf si les bactéries en question sont résistantes à l'antibiotique.

Les superbactéries ou « superbug » ne pourront pas échapper à ce nouveau diagnostic rapide en une demi-heure, développé par des chercheurs de l’Institut de technologie de Californie (Caltech). Ce test répond de manière efficace au défi de l’émergence des bactéries résistantes aux antibiotiques et ce faisant, promet de pouvoir traiter de manière ciblée et plus efficace certaines infections chroniques dont les IAS et les infections nosocomiales. Présenté dans la revue Science Translational Medicine, il fait ici la preuve de sa capacité à détecter dans 95% des cas l’infection urinaire causée par la bactérie Escherischia coli.

 

La découverte des antibiotiques au début du 20ème siècle a changé la médecine moderne en permettant de traiter de manière efficace la plupart des infections simples, de les éviter en cas de chirurgies de routine, de transplantations d'organes et de chimiothérapie dans le traitement des cancers. Cependant la surutilisation et le mésusage des antibiotiques sont venus à bout de leur efficacité. De nombreuses espèces de bactéries ont aujourd’hui développé une résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance. Ces superbactéries se propagent dans les hôpitaux, les maisons de soins infirmiers et dans les communautés. Ce nouveau test capable d’identifier en quelques minutes pourrait changer la donne en permettant aux professionnels de santé d’opter pour le meilleur antibiotique pour traiter chaque infection de manière ciblée.

 

Lorsque les médecins traitent les infections bactériennes, ils ignorent souvent les antibiotiques de première ligne comme la méthicilline ou l'amoxicilline, contre lesquels les bactéries sont plus susceptibles d'être résistantes et vont fréquemment opter pour des antibiotiques de deuxième ligne plus puissants, comme la ciprofloxacine. Cette pratique n'est pas idéale, soulignent les auteurs, car l'utilisation excessives d'antibiotiques de deuxième ligne rend plus probable le développement de bactéries résistantes face à ces médicaments plus puissants qui devraient être réservés à des « situations plus sérieuses ».

 

Comment opter pour l’antibiotique le mieux ciblé ? jusqu’à ce test, il n’existait aucune méthode diagnostique rapide pour savoir à quels antibiotiques l’infection va résister : le médecin doit envoyer un échantillon à un laboratoire et attendre 2 à 3 pour obtenir l’antibiogramme. Les chercheurs de Caltech présentent un test qui peut être effectué au cabinet du médecin de ville, comme à l’hôpital et dont les résultats sont lisibles en 30 mn.

 

La démonstration d’efficacité est faite sur l'un des types d'infections les plus fréquents chez les humains, les infections des voies urinaires (UTI). 50% des femmes contracteront en effet une telle infection au cours de leur vie. Le nouveau test porte sur un échantillon d'urine, divisé en deux parties, dont une exposée à un antibiotique pendant 15 minutes, l'autre incubée sans antibiotiques. Les bactéries de chaque échantillon sont ensuite ouvertes (lysées) pour libérer leur contenu cellulaire, via un processus d’amplification isotherme numérique en temps réel. Le test fonctionne selon le principe selon lequel les bactéries typiques reproduiront moins bien leur ADN dans une solution antibiotique sauf si les bactéries en question sont résistantes à l'antibiotique. Dans ce cas, le test révèle un nombre similaire de marqueurs d'ADN dans les solutions traitées et non traitées. Ici, pratiqué sur 54 échantillons d'urine provenant de patientes atteintes d'infections urinaires causées par la bactérie Escherischia coli, le test montre une concordance de 95% avec le test standard sur 2 à 3 jours réalisé en laboratoire.

 

Le test va prochainement être validé sur d'autres types de bactéries infectieuses et pourra également être adapté à l’analyse de prélèvements de sang, moins « riches » en bactéries que les échantillons d’urines, avec l’objectif de pouvoir ainsi réduire la mortalité liée aux accidents d’exposition au sang (AES).


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