ANTIBIORÉSISTANCE : S’attaquer à l’effet inoculum
Cette recherche menée à la Nova Southeastern University (NSU, Floride) sur les bactéries résistantes aux antibiotiques ouvre une nouvelle étape vers de nouveaux traitements contre les infections. La recherche s’attaque à l’effet inoculum qui implique toujours plus d’antibiotique avecune densité accrue de bactéries. L’équipe montre, dans la revue Science Advances que des antibiotiques capables aussi de réguler les niveaux d’énergie des bactéries pourraient permettre d’éliminer ce mécanisme de résistance bactérienne.
La résistance antimicrobienne (RAM) constitue l'une des plus grandes menaces pour la santé publique mondiale. En 2019, les décès dus aux bactéries résistantes aux antibiotiques ont dépassé les décès dus au VIH et au paludisme. Compte-tenu du manque de nouveaux antibiotiques, il devient urgent de mieux comprendre les mécanismes par lesquels les bactéries tolèrent les antibiotiques existants afin d'améliorer l’efficacité des antimicrobiens disponibles.
L'effet d'inoculum est l'un des mécanismes majeurs par lesquels les bactéries résistent aux antibiotiques
Cet effet nécessite plus d'antibiotiques pour traiter l'infection lorsque la densité de bactéries dans l’infection est plus élevée. Alors que l'effet d'inoculum a été observé pour pratiquement tous les antibiotiques connus et est documenté depuis les années 60, il serait précieux d’identifier une faille dans ce mécanisme de protection commun à l'effet d'inoculum pour plusieurs antibiotiques.
Les interactions entre la vitesse de croissance des bactéries et la quantité d'énergie (ou le métabolisme) des bactéries peuvent expliquer l'effet d'inoculum pour plusieurs espèces d'antibiotiques et de bactéries. Cette nouvelle recherche montre que fournir différents nutriments aux bactéries permet de modifier leur taux de croissance. En d’autres termes,
moduler leurs niveaux d'énergie peut éliminer l'effet d'inoculum.
Ces données vont permettre de réduire à terme la quantité d'antibiotiques utilisés en clinique et ouvrent également la voie à la découverte
de nouveaux antibiotiques qui modifient le taux de croissance et les niveaux d'énergie des bactéries.
« C’est une première étape vers la découverte de nouveaux antibiotiques qui pourraient être efficaces contre les infections à haute densité bactérienne », explique l’un des auteurs principaux, Robert P Smith, professeur à la NSU.