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ANTIBIORÉSISTANCE : Un super SARM qui saute du porc à l’Homme

Actualité publiée il y a 2 années 5 mois 3 semaines
eLife
Le SARM est aujourd’hui considéré par l'Organisation mondiale de la santé comme l'une des plus grandes menaces mondiales pour la santé humaine (Visuel Adobe Stock 72996658)

Une souche de SARM hautement résistante aux antibiotiques apparue chez les porcs peut « passer » chez l’Homme, conclut cette étude de biologistes de l’Université de Cambridge. L'étude, publiée dans la revue eLife, révèle que CC398 a maintenu sa résistance aux antibiotiques pendant des décennies chez les porcs et est devenue capable de s'adapter rapidement aux hôtes humains tout en maintenant cette résistance aux antibiotiques.

 

Apparue dans le bétail au cours des 50 dernières années, probablement en raison de l'utilisation généralisée d'antibiotiques dans l'élevage porcin, la souche appelée « CC398 » de cette superbactérie Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline ou SARM est devenue une cause croissante d'infections humaines. Ces nouvelles données mettent à nouveau en évidence la menace croissante des antibiorésistances pour la Santé publique.

Des niveaux historiquement élevés d'utilisation des antibiotiques

constituent la cause principale de l'évolution de cette souche de SARM hautement résistante aux antibiotiques, explique l’auteur principal, le Dr Gemma Murray, auparavant au département de médecine vétérinaire de l'Université de Cambridge et maintenant à l'Institut Wellcome Sanger. La résistance aux antibiotiques de ce SARM associé au bétail est extrêmement et a persisté pendant plusieurs décennies, permettant à la bactérie de se propager à différentes espèces de bétail, puis à l’Homme.

 

La capacité de la souche CC398 à prospérer dans le bétail et sa capacité à infecter les humains apparaissent liés à 3 éléments génétiques mobiles dans le génome du SARM. Des segments de matériel génétique confèrent en effet au SARM certaines caractéristiques, notamment sa résistance aux antibiotiques et sa capacité à échapper au système immunitaire humain.

 

  • Les chercheurs ont pu reconstituer l'histoire évolutive de 2 éléments génétiques mobiles particuliers, appelés Tn916 et SCCmec qui participent à cette résistance aux antibiotiques et montrent ici que ces 2 segments ont persisté de manière stable dans la souche « porcine » CC398 durant des décennies. Ces mêmes segments persistent lorsque le CC398 se propage aux humains, entraînant avec eux ces niveaux élevés de résistance aux antibiotiques.
  • Un 3è élément génétique mobile identifié, appelé φSa3, permet à la souche CC398 de SARM d'échapper au système immunitaire humain. Ce segment apparait et disparaît au fil du temps,  suggérant que le SARM présente une grande capacité d’adaptation aux hôtes humains. Et, si aujourd’hui, les cas de SARM associés au bétail chez l'Homme ne représentent encore qu'une petite fraction de tous les cas de SARM chez les humains, ce nombre de cas augmente de manière inquiétante.

 

Ces conclusions reposent la question de l'utilisation d'antibiotiques dans le bétail européen, une utilisation beaucoup plus modérée que dans le passé. L’émergence de SARM de plus en plus résistants est l’une des principales préoccupations en matière d’antibiorésistance : identifié pour la première fois chez des patients humains en 1960, en raison de sa résistance aux antibiotiques et de la difficulté de traitement, le SARM est aujourd’hui considéré par l'Organisation mondiale de la santé comme l'une des plus grandes menaces mondiales pour la santé humaine.


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