ANXIÉTÉ, DÉPRESSION : Les gènes dépriment aussi
Le trouble anxieux-dépressif modifie aussi l'activité de nombreux gènes du cerveau, notamment au niveau des mitochondries, révèlent ces travaux de l’Association russe de communication scientifique AKSON, publiés dans la revue BMC Neuroscience. Ces neuroscientifiques confirment en effet, ici chez la souris, que le trouble anxieux-dépressif est associé à une altération du métabolisme énergétique du cerveau. Des données qui apportent un nouveau regard sur le mécanisme de développement de la dépression et d'autres maladies psychologiques.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), jusqu'à 95% des personnes dépressives ont un diagnostic de trouble anxieux. De récentes recherches ont déjà associé ces conditions à des défauts des mitochondries, ces « usines à énergie » des cellules. Ces anomalies mitochondriales peuvent survenir en raison de mutations congénitales ou de conditions externes défavorables (comme le stress) qui vont dégrader l’expression des gènes mitochondriaux exempts de mutation. En conséquence, la quantité de protéines codées par ces gènes est modifiée.
Les neurobiologistes de l'Institut de cytologie et de génétique de l'Académie des sciences de Russie ont mené cette étude chez la souris, modèle de dépression, afin de regarder si certaines anomalies mitochondriales accompagnaient des troubles psycho-émotionnels, dans différentes zones du cerveau.
Au total, l’étude a comparé l’activité de 47 gènes codant pour de nombreuses protéines situées sur la membrane interne de la mitochondrie. En comparant le fonctionnement de certains gènes chez ce groupe de souris « stressées et dépressives » vs des souris témoins qui n'avaient pas subi un tel stress, l’équipe constate que l'expression de nombreux gènes de l'hypothalamus, la zone du cerveau qui régule les réactions de stress, a changé. L'expression de ces gènes s’avère également modifiée dans l'hippocampe, qui joue un rôle clé dans la formation de la mémoire, les réactions émotionnelles et la formation de nouveaux neurones. Ces données montrent -ici chez l’animal- qu’en cas de conflits sociaux chroniques qui conduisent au développement du trouble anxieux-dépressif, le travail des mitochondries est perturbé dans plusieurs zones du cerveau.
Ces travaux montrent que les troubles psycho-émotionnels provoquent de graves dysfonctionnements mitochondriaux dans le cerveau. Des dysfonctionnements qui pourraient être observés dans de nombreuses maladies neurologiques et psycho-affectives, dont, notamment, la dépression, le trouble bipolaire et la schizophrénie.
Décrypter les mécanismes du dysfonctionnement mitochondrial pourra ouvrir de nouvelles options thérapeutiques pour ces maladies psycho-émotionnelles.
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