APHASIE : Première cartographie des régions cérébrales impliquées

Une étude cartographie les régions cérébrales impliquées dans l'intention de parler et donc dans l'aphasie. Une première étape essentielle dans le traitement de de ce trouble, et de manière innovante via la technologie d'interface cerveau-ordinateur. Ces travaux d’une équipe de neuroscientifiques de l’Université Northwestern relèvent également le défi crucial du décodage des pensées, qui ne sont pas toujours destinées à être exprimées à voix haute...
L'aphasie de Broca ou aphasie expressive est causée par des lésions du lobe frontal et rend les patients incapables d’exprimer à voix haute ce qu'ils ont l'intention de dire. Pour la première fois, des scientifiques identifient les régions cérébrales en dehors du lobe frontal impliquées dans l'intention de produire la parole.
Alors que le traitement de référence actuel est l’orthophonie, cette équipe travaille au développement d’un nouveau traitement, qui promet ici d’être plus efficace, basé sur l’utilisation d’une interface cerveau-ordinateur qui convertit les signaux cérébraux en mots parlés. La première étape de ce développement a consisté, en effet, à déterminer à partir de quelle zone du cerveau l’interface cerveau-ordinateur doit enregistrer pour décoder le discours souhaité par la personne.
Actuellement, les interfaces cerveau-ordinateur ne sont utilisées que sur les personnes atteintes de paralysie due à la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou à un accident vasculaire cérébral (AVC) au niveau du tronc cérébral, ce qui les rend incapables de bouger ou de communiquer. Chez ces patients, ces interfaces enregistrent les signaux du lobe frontal.
Mais l’aphasie de Broca, qui apparaît le plus souvent après un AVC ou une tumeur cérébrale, résulte d’une lésion du lobe frontal du cerveau, où la production de la parole et des parties du langage sont traitées. Ainsi, pour aider les patients atteints d’aphasie de Broca, les scientifiques devaient enregistrer des signaux provenant d’autres zones du cerveau.
L’étude identifie ainsi des régions cérébrales spécifiques en dehors du lobe frontal – dans les cortex temporaux et pariétaux – impliquées dans l’intention de produire la parole, et, ce faisant, ouvre la porte à l’utilisation d’une interface cerveau-ordinateur pour traiter l’aphasie de Broca. Les scientifiques ont enregistré des signaux électriques provenant de la surface du cortex chez 9 patients atteints d’épilepsie ou de tumeurs cérébrales, et dont le cerveau avait été implanté d’électrodes. Les participants ont été invités à lire des mots à haute voix sur un moniteur ou à rester silencieux (au repos) alors que les chercheurs enregistraient leurs signaux cérébraux (ECoG).
Une avancée considérable dans le traitement de l’aphasie
« C’est une petite étape, mais nécessaire », commente l’un des auteurs principaux, le Dr Marc Slutzky, professeur de neurologie et de neurosciences à la Feinberg School of Medicine de l’université Northwestern : « Nous montrons que ces zones non frontales contiennent effectivement des informations sur l’intention d’une personne de produire la parole et ces nouvelles données nous permettent de
distinguer le moment de la parole et le moment de la pensée ».
Des résultats, qui en pratique, vont permettre le développement d’une interface adaptée au traitement de l’aphasie.
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