ASTHME : Les dangers d’une surutilisation des inhalateurs SABA
Plus d'un quart des personnes asthmatiques utilisent trop leurs inhalateurs « de secours », ce qui les expose à un risque accru de crises graves et d'hospitalisation, rappelle cette équipe de l'Université Queen Mary de Londres. Destinés à soulager rapidement les symptômes, les inhalateurs de bêta-agonistes à courte durée d'action ou « SABA » ne devraient pas se substituer au traitement de fond par corticostéroïdes, souligne l’équipe britannique dans le British Journal of General Practice.
L'asthme est une affection pulmonaire courante qui touche 4 millions de personnes en France et 334 millions dans le monde et peut entraîner des symptômes tels que la toux, une respiration sifflante et un essoufflement. L'asthme est mieux contrôlé par l'utilisation régulière d'un inhalateur de corticostéroïdes, qui prévient l'apparition des symptômes. Les personnes asthmatiques peuvent également utiliser des inhalateurs de secours « SABA » pour soulager rapidement les symptômes en cas de besoin.
Travailler avec les patients pour améliorer l'utilisation des inhalateurs SABA
En pratique et au quotidien, les personnes asthmatiques abusent des inhalateurs SABA qui ne devraient être prescrits que 6 fois par an et cette surutilisation vient fréquemment remplace l’usage des inhalateurs de corticoïdes, ce qui favorise finalement un mauvais contrôle de l'asthme et une augmentation des crises d'asthme sévères et du risque d’hospitalisation.
L’étude est basée sur un examen national (UK) des données de décès liés à l'asthme en 2014. Cette analyse identifie en effet :
- des preuves de l’utilisation excessive voire une dépendance à l'égard des inhalateurs de secours chez les personnes décédées en raison de l’asthme ;
- par ailleurs, l’analyse de 700.000 dossiers patients suivis dans 117 cabinets de médecins généralistes révèle que 26 % des patients asthmatiques reçoivent encore trop de prescriptions d'inhalateurs SABA. Et, parmi ces sur-utilisateurs, un quart sous-utilisent les inhalateurs de corticoïdes, ce qui est préoccupant en termes d’efficacité du traitement des asthmes sévères ;
- enfin, la prescription de ces inhalateurs varie considérablement d'un cabinet de médecin généraliste à l'autre, certains pratiquant la sur-prescription pour 6 % et d'autres pour 60 % de leurs patients asthmatiques. Une analyse plus approfondie de la variation a révélé que la sur-prescription est fortement liée aux prescriptions avec délivrance renouvelable.
La prescription de ces inhalateurs doit donc être beaucoup plus rigoureuse en soins primaires, soulignent ces chercheurs, basés à l’East London, où les hospitalisations pour asthme aigu sont supérieures de 14 % à la moyenne londonienne. L’auteur principal, le Dr Anna De Simoni, auteur principal, médecin généraliste et professeur de soins primaires à l'Université Queen Mary de Londres, commente ces conclusions :
« Travailler avec les patients pour améliorer l'utilisation des inhalateurs préventifs doit être au cœur de la réduction des hospitalisations liées à l'asthme. Il y a encore beaucoup de place à l'amélioration ».
- L’équipe a en effet estimé que le fait de conseiller les patients qui utilisent plus de 12 inhalateurs SABA par an à réduire leur utilisation à 4 environ, pourrait entraîner une réduction de 70 % des hospitalisations liées à l'asthme.
« Les médecins généralistes et les pharmaciens doivent également disposer des bons outils pour aider les patients. Nous projetons de développer ainsi de nouveaux outils pour soutenir l'identification et la gestion des patients à haut risque, sur la base de leurs données de prescription ».
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