Avec la POLLUTION, le COVID est plus long
Le COVID long pourrait concerner de 15 à 45 % des personnes ayant développé un COVID sévère, la pollution de l'air pourrait prolonger encore la durée des symptômes de ce syndrome post-COVID. C’est la conclusion de cette étude menée à l’Institut de santé globale de Barcelone (ISGlobal), publiée dans la revue Environmental Health Perspectives qui a exploré l'association entre différentes expositions environnementales et le COVID long.
Il s’agit précisément de l’exposition aux microparticules (PM2,5 et PM10) de la pollution de l’air. Cette exposition apparaît prolonger et aggraver la phase aiguë de l’infection, ce qui accroît le risque de prolongation par un COVID long.
De nombreuses recherches ont aujourd’hui caractérisé le COVID long, une maladie hétérogène qui s’accompagne de symptômes très divers, dont la fatigue, l'essoufflement et des troubles cognitifs qui perdurent parfois durant des mois après la récupération de l’infection. Si l’importance de ce fardeau reste incertaine, on estime que des millions de personnes sont touchées par ce syndrome dans le monde. Ses facteurs de risque ne sont pas non plus bien compris, cette nouvelle recherche révèle la pollution comme un facteur d’aggravation certain.
L’un des auteurs principaux, Manolis Kogevinas, chercheur à l’ISGlobal explique que « l'exposition à la pollution de l'air est liée à un risque plus élevé de COVID-19 sévère et à une réponse vaccinale plus faible mais dans l’ensemble l’impact des facteurs environnementaux dont la pollution, mais aussi le bruit, la lumière artificielle la nuit et les espaces verts/urbains sur la persistance du COVID reste mal compris ».
La pollution, facteur déclenchant et aggravant de COVID long
L'étude suit plus de 2.800 participants à la cohorte COVICAT, âgés de 40 à 65 ans qui, pendant la pandémie, ont renseigné par questionnaire et à 3 reprises (2020, 2021, 2023), leurs données d’infections COVID, leur statut vaccinal, leur état de santé global et leurs caractéristiques sociodémographiques. L’analyse de ces données révèle que :
- 1 personne sur 4 ayant contracté un COVID-19 a présenté des symptômes persistants pendant trois mois ou plus – soit a développé une forme de COVID long ;
- 5 % ont présenté des symptômes persistants pendant 2 ans ou plus ;
- les femmes, les personnes ayant un niveau d'études inférieur, les personnes ayant déjà eu ou souffrant de maladies chroniques et celles ayant développé une forme grave de COVID-19 sont, en effet, les plus à risque de COVID long ;
- la vaccination fait une vraie différence: seulement 15 % des participants vaccinés ont développé un COVID long, contre 46 % des non vaccinés.
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La pollution et précisément l’exposition aux particules fines est associée à une augmentation du risque de COVID long ;
- ce risque de COVID long persistant sur 1 an ou plus augmente de manière linéaire avec le niveau d’exposition à la pollution ;
- la proximité d’espaces verts ou le bruit de la circulation n’ont en revanche pas d’impact significatif sur la prévalence et la persistance du COVID long.
En synthèse, si la pollution de l’air ne cause pas directement le COVID long, elle semble augmenter la gravité de l’infection initiale, ce qui, à son tour, augmente le risque de COVID long et sa persistance.
Des recherches supplémentaires vont être menées pour préciser comment la pollution peut aggraver les différents types de symptômes à long terme.
Les implications pratiques sont complexes, car si l’on sait bien que la pollution est nocive, à de multiples égards pour la santé, il n’est pas simple « de se mettre à l’abri » de ses effets.