BIEN-ÊTRE DURABLE : Méditation en pleine conscience et conscience environnementale
Plusieurs études suggèrent que la pleine conscience pourrait contribuer à accroître le respect de l’environnement. En d’autres termes, il existerait une relation étroite entre la méditation, la santé et un comportement respectueux de l'environnement. Une équipe de l’Université de Wisconsin-Madison explore ce lien entre méditation et la conscience environnementale et suggère que la relation n’est peut-être pas si simple.
Des pratiques, comme la méditation, poursuivant une bonne santé et un bien-être général, pourraient-elles encourager des comportements et des attitudes respectueux de l'environnement ? Alors que la crise climatique accélère les catastrophes écologiques partout dans le monde, les scientifiques, dont ces chercheurs du Center for Healthy Minds de l’Université du Wisconsin-Madison explorent l’intérêt des interventions visant à modifier les comportements bénéfiques à la santé, pour l’adoption de comportements plus largement responsables.
Ces stratégies qui ont fait leurs preuves dans la santé pourraient-elles favoriser les bons comportements en matière d’environnement ?
« Compte tenu de l’urgence climatique, il est essentiel d’étudier la pertinence des stratégies ayant démontré leur capacité à promouvoir la santé, le bien-être et à modifier les comportements », résume l’auteur principal, Simon Goldberg. « La pleine conscience est l'une de ces stratégies, mais les effets de la pleine conscience sur les attitudes et les comportements liés à l'environnement n'ont pas été encore été examinés ».
L'étude, un essai contrôlé randomisé, a évalué s’il existe une relation directe entre la méditation et le respect de l'environnement en comparant les attitudes et les comportements de personnes qui méditent au comportement de personnes ne pratiquant pas la méditation. Cet essai est mené avec 150 participants dont des adeptes ayant en moyenne plus de 9.000 heures de méditation à leur actif, jusqu’à des personnes sans aucune expérience de la méditation. Un groupe de participants sans expérience de méditation a suivi 8 semaines de formation sur la réduction du stress basée sur la pleine conscience, un autre groupe a suivi une formation similaire mais sans pratique de pleine conscience, avec, « à la place » des activités telles que l’exercice physique, le suivi d’un régime alimentaire, etc… Un autre groupe n’a suivi aucune formation. Chaque groupe a été évalué pour sa propension au respect de l’environnement selon 3 facteurs :
- un comportement respectueux de l'environnement, défini comme un comportement qui cherche de manière intentionnelle à bénéficier ou à réduire les dommages causés à l'environnement : cette propension a été évaluée à l’aide du calculateur d’empreinte écologique ;
- des attitudes respectueuses de l'environnement, définies comme une préoccupation morale pour l'environnement. Les chercheurs soulignent qu’il est important de prendre cet aspect moral en compte en particulier dans l’élaboration des politiques publiques ;
- le bien-être durable ou la mesure dans laquelle le bien-être/le bonheur psychologique d’une personne dépend de comportements nocifs pour l’environnement (par exemple, la consommation de ressources naturelles). Il se mesure par le montant du bien-être divisé par le montant de la consommation.
L’analyse de ces facteurs révèle que :
- si les personnes qui méditent depuis longtemps adoptent des attitudes plus respectueuses de l'environnement que celles qui ne pratiquent pas la méditation,
- aucune différence dans le comportement respectueux ou pas de l'environnement n’est identifiée entre ces 2 groupes ;
- les participants qui ont suivi la formation de méditation en pleine conscience ne démontrent pas de changements mesurables dans leurs attitudes et leurs comportements vis-à-vis de l’environnement, ni un niveau de bien-être durable spécifique, par rapport aux autres groupes.
Si l’étude contraste quelque peu avec d’autres études qui ont montré le potentiel de la méditation pour promouvoir un comportement respectueux de l’environnement, il est possible que d'autres pratiques méditatives, telles que la méditation basée sur la compassion, soient plus efficaces que la pleine conscience lorsqu'il s'agit de comportements pro-environnementaux, concluent les auteurs.
Il reste néanmoins important de prendre en compte l'éthique et la motivation des gens à pratiquer la pleine conscience, ces qualités d’éthique et de motivation pouvant produire des effets importants sur les comportements de respect de l’environnement. Les études précédentes, ainsi que ces conclusions suggèrent néanmoins que certaines formations en matière de santé et de bien-être -plutôt qu'une formation exclusivement à la pleine conscience-, pourraient être efficaces pour accroître les comportements respectueux de l'environnement.
« Il est difficile d'en être sûr à ce stade, mais il se peut que certaines interventions psychologiques conçues pour promouvoir la santé et le bien-être puissent avoir un impact sur des comportements sains pour les individus et pour la planète ».