BILINGUISME: Il favorise le développement de la concurrence cognitive
Un cerveau qui jongle avec plusieurs langues, jongle aussi avec différents réseaux. Le bilinguisme développe ainsi des réseaux cérébraux spécifiques au traitement de chaque langue mais aussi des réseaux qui permettent les interactions et la « mise en concurrence » en fonction du contexte, entre les différentes langues parlées. Des bénéfices cognitifs donc, développés à nouveau par cette étude de la Penn State, présentée à la Réunion annuelle de l’American Association for Association for the Advancement of Science (AAAS) dont précisément, une capacité particulière à prêter attention à plusieurs tâches simultanément.
De nombreuses études ont porté sur les effets sur le cerveau du multilinguisme. Citons cette récente recherche de la Northwestern University, publiée dans la revue Brain and Language qui conclut que parler plusieurs langues permet d'entrainer son cerveau à passer « du feu vert au feu rouge » d'une langue à l'autre. Les enfants bilingues vont ainsi être capables de traiter l'information plus efficacement et plus facilement grâce à une co-activation des 2 langues (en même temps), qu'elles soient en cours d'utilisation ou pas, et au développement d'un contrôle inhibiteur qui va permettre de sélectionner la langue appropriée. Une autre étude, publiée dans les Annals of Neurology, suggère que parler plusieurs langues ralentit le vieillissement du cerveau ou le déclin cognitif. Comme cette autre étude de l'Université d'Edinbourg, qui estimait à 5 ans le délai « gagné » sur le développement du déclin cognitif chez les personnes bilingues ou trilingues.
Judith F. Kroll, chercheur en neurologie, psychologie et linguistique à la Penn State rappelle que les structures et les réseaux des cerveaux bilingues sont bien différents des cerveaux monolingues. Cependant, elle précise que ces changements sont différents d'un sujet à l'autre en fonction du mode d'apprentissage et d'usage de la langue. Ces modes d'apprentissage et de pratique vont déterminer les niveaux d'interactions entre les 2 langues.
Le bilinguisme développe la concurrence cognitive : Son étude d'imagerie confirme que les réseaux neuronaux impliqués dans l'usage des 2 langues sont actifs en permanence chez les bilingues, ce qui suggère une mise en concurrence permanente des langues entre elles. Les bilingues « jonglent » littéralement avec les deux langues, ce qui conduit à une évolution des réseaux qui prend en charge chaque langue dans le cerveau. Ainsi les effets du bilinguisme ne se limitent pas à la pratique des langues mais reflètent toute une réorganisation des réseaux cérébraux avec des implications, bien au-delà des capacités linguistiques, en particulier sur la façon dont les bilingues négocient plus généralement la concurrence cognitive.
Des données qui suggèrent que la pratique de plusieurs langues va aussi favoriser la capacité d'attention divisée, c'est-à-dire la capacité de gérer plusieurs tâches simultanément.
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