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BIOLOGIE SYNTHÉTIQUE : Des plantes phytocapteurs de mesures de santé ?

Actualité publiée il y a 6 années 4 mois 3 jours
Science
Ces espaces végétaux imaginés donc plutôt sur de grandes surfaces capables d’assurer une densité suffisante de capteurs, nous permettraient aussi de renouer avec la nature

L'incorporation à la maison de plantes « mouchardes » ou espionnes capables de donner l’alarme -ou les niveaux- de différentes mesures de santé est à l'horizon, avec ce développement de l’Université de l'Institut d'Agriculture du Tennessee, présenté dans la revue Science. Des plantes qui grâce aux progrès de cette nouvelle discipline, la biologie synthétique, en plus d’être belles, seraient aussi capables de nous alerter sur les dangers de notre environnement pour notre santé.

 

L’équipe de Neal Stewart -professeur de sciences végétales- de l'Université du Tennessee prévoit un avenir bien scientifique et sanitaire aux plantes d'intérieur : l’idée est de les concevoir génétiquement de manière à ce qu’elles puissent servir d'alarmes subtiles en cas d’anomalies dans nos environnements domestiques et professionnels néfastes à notre santé. On imagine plus directement, les implications en santé au travail.

 

Un nouveau domaine de recherche, la biologie synthétique : ce n'est pas la première fois que des plantes sont imaginées comme des biocapteurs en puissance. Les auteurs soulignent qu'à ce jour, plusieurs phytocapteurs pertinents pour l'environnement ont été conçus en utilisant la biotechnologie. En fait, ce qu'on appelait autrefois le génie génétique est devenu un domaine d'étude appelé biologie synthétique, qui comporte la conception et le développement de nouvelles entités ou de nouveaux systèmes biologiques. Au départ, la biologie synthétique est un outil précieux pour la production agricole, qui permet aux agriculteurs de développer des plantes capables de résister aux conditions extrêmes ou aux nuisibles environnementaux.  

 

La biologie synthétique appliquée aux plantes d'intérieur : au-delà d’une recherche possible de l’esthétique, comme des fleurs plus grandes par exemple, il est possible de concevoir des plantes fonctionnant comme des capteurs précoces d'agents environnementaux pouvant nuire à notre santé, comme la moisissure, certains gaz toxiques, certaines particules, ou niveaux de concentrations de composés organiques volatils. Ces biocapteurs végétaux pourraient être conçus pour réagir à des agents nocifs de différentes façons, par exemple en changeant graduellement la couleur de leur feuillage ou par fluorescence. Bref, des plantes d’intérieur qui peuvent faire beaucoup plus que d’être belles, nous alerter sur les dangers pour notre santé de notre environnement.

 

Des populations denses de biocapteurs seraient nécessaires, de sorte que des éléments de conception architecturale tels que des « murs végétaux » (visuel) pourraient être efficaces dans cette surveillance environnementale. Ces espaces végétaux imaginés donc plutôt sur de grandes surfaces capables d’assurer une densité suffisante de capteurs, nous permettraient aussi de renouer avec la nature… « La conception biophile repose sur notre affinité innée avec la nature, de sorte que l'intégration de ces éléments biophiles dans le volume intérieur comporte de nombreuses implications spatiales et expérientielles », explique l’auteur.  « Doter les plantes de capacités de réactions est révolutionnaire et permet aux éléments biophiles de l'espace d'assumer un rôle plus complet en contribuant également activement au bien-être de l'occupant de manière holistique ».

 

Saluons donc cette initiative qui pourrait venir rendre la vie plus saine et plus belle dans nos maisons, écoles, hôpitaux et bureaux. « Un travail », concluent les chercheurs, « qui devrait déboucher sur un environnement intérieur plus réceptif à la santé et au bien-être général de ses occupants ».