BISPHÉNOL A: Il augmente le développement fœtal mammaire et le risque de cancer
Si le bisphénol A (BPA) est interdit en France depuis 2013 dans les biberons, et depuis le 1er janvier 2015 dans les contenants alimentaires et les tickets de caisse, son exposition subsiste via de nombreux produits ménagers, et quelles que soient les études, on en retrouve toujours des traces dans les urines. Les études s’enchaînent pour confirmer chez l’Homme, ou découvrir chez l’animal, ses effets délétères, en particulier aux fenêtres de vulnérabilité, telles que la grossesse ou le développement fœtal et infantile. Récemment une étude alertait sur l’exposition durant la grossesse et le risque de prématurité associé, cette nouvelle étude menée chez l’animal et présentée au Meeting 2016 de l’Endocrine Society, révèle ses effets sur le développement fœtal. Précisément sur la glande mammaire, avec un risque accru de cancer du sein, plus tard dans la vie.
Le bisphénol A est un produit chimique industriel hormone-like qui apparaît toujours dans de nombreux produits ménagers et, pour cause est détecté dans la plupart des échantillons d'urine des participants aux études. Le BPA reste un sujet à discussion, notamment entre la France (Anses) et l'Europe (EFSA), cette dernière ayant conclu, à l'issue de sa dernière réévaluation, en janvier 2015, que « l'exposition au bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs », y compris pour les groupes plus vulnérables dont les enfants à naître ou les nourrissons. Pourtant de nombreuses études sur l'animal et sur l'homme ont documenté ses effets de perturbateur endocrinien, avec des effets délétères sur la santé, dépendants à la fois de l'exposition et du sujet. Cette nouvelle recherche montre que le BPA peut aussi traverser le placenta dans l'utérus et donc entraîner des effets sur le développement du fœtus, in utero.
Cette équipe de l'Université Tufts (Boston) a développé un nouveau système de culture qui permet d'évaluer les effets de l'exposition aux produits chimiques sur la glande mammaire en développement : c'est une méthode de culture ex vivo, ce qui signifie que la croissance de l'ensemble de la glande mammaire est examinée en dehors de l'organisme. Les chercheurs ont extrait des bourgeons mammaires, à partir d'embryons de souris âgées de 14 jours -une période critique pour le développement mammaire-, ont cultivé ces bourgeons pendant 5 jours et ont suivi leur développement. Ces travaux montrent que le BPA affecte directement la glande mammaire d'embryons de souris : différentes doses de BPA, comparées à l'œstrogène entraînent une croissance plus rapide du bourgeon mammaire de la souris.
Le BPA n'a pas donc le même effet sur le bourgeon mammaire que l'œstrogène, qui inhibe la croissance de la glande mammaire.
Ø Ce résultat est important, car ces changements aux tissus mammaires embryonnaires se produisent à une dose comparable à celle de l'exposition environnementale des humains au BPA. Enfin, les scientifiques suggèrent, avec ce développement perturbé des tissus mammaires, un risque accru de cancer du sein, plus tard dans la vie.
L'exposition in utero au BPA un facteur majeur d'augmentation de l'incidence du cancer du sein ? C'est la théorie de ces scientifiques au vu de leurs résultats : « Nous savions que le BPA entraîne des changements au niveau des tissus du sein associés à une plus grande prédisposition au cancer du sein plus tard dans la vie, cependant on ignorait cet effet direct sur le fœtus ».
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