BISPHÉNOL A : L'exposition pendant la grossesse modifie les rythmes circadiens
L'exposition pendant la grossesse au bisphénol A (BPA), un produit toujours largement utilisé, même à des niveaux inférieurs au niveau d'exposition dits "sûrs" par les Agences sanitaires, peut entraîner des modifications du rythme circadien, révèle cette étude de l'Université de Calgary (Canada), menée chez la souris. Des données présentées à ENDO 2019, la réunion annuelle de l’Endocrine Society (Nouvelle-Orléans) qui pourraient contribuer à expliquer l'hyperactivité- observée chez les souris exposées.
Le BPA est un composé chimique ajouté à de nombreux produits du quotidien, notamment les bouteilles d’eau, les récipients en papier, les doublures de boîtes de conserve et autres conditionnements alimentaires. Le composé perturbe le système endocrinien et interfère avec les hormones du corps.
L'hypothalamus, une zone du cerveau particulièrement susceptible au BPA, est largement impliquée dans l'horloge interne et les rythmes quotidiens de notre corps, rappelle l’auteur principal, Deborah Kurrasch, chercheur et professeur à l'Université de Calgary. « Nous avons montré dans de précédentes recherches que l'exposition au BPA in utero pouvait entraîner des défauts dans le développement des noyaux hypothalamiques et induire une hyperactivité, et nous avons ici cherché à savoir si un changement dans la biologie circadienne pouvait expliquer cette hyperactivité ».
« De nombreuses études épidémiologiques sur des animaux et des humains ont déjà démontré un lien entre l'exposition au BPA et les effets néfastes sur la santé, cependant, en dépit de ces preuves scientifiques considérables, de nombreuses Agences sanitaires déclarent que le BPA est sans danger », rappelle l’auteur. Une des raisons de cette affirmation est le manque de preuves des effets du BPA sur le développement du cerveau.
Perturbation des rythmes circadiens et hyperactivité : l’étude apporte des preuves de ces effets. Menée sur 2 groupes de souris gravides, l’un nourri avec un régime alimentaire ordinaire, l’autre avec des aliments contenant de faibles doses de BPA, l’étude montre que :
- les petits des souris exposés à de faibles doses de BPA pendant la gestation sont significativement plus actifs durant les périodes semi-claires et semi-sombres, en particulier pendant le dernier tiers de la période nocturne ;
- ces petits présentent des perturbations des rythmes circadiens dans le cycle d'obscurité sur 24 heures. Ces petits semblent également s’adapter plus rapidement à de nouveaux environnements lumineux, à la fois lorsque l’on passe d’une « mi-pénombre » à l’obscurité totale et d’une faible lumière à l’obscurité totale ;
- ces petits présentent également des modifications dans leurs habitudes quotidiennes et leur calendrier d'activité, ce qui suggère à nouveau, une perturbation de la signalisation circadienne.
Les chercheurs concluent que l'exposition au BPA in utero, même à faible dose modifie les rythmes circadiens et que cela pourrait expliquer l'hyperactivité observée.
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