CAFÉ : L’ajout d’un édulcorant retarde doublement l’endormissement
Cette étude intéressera ceux qui ont du mal à dormir avec un petit café au dîner. En effet, l’ajout d'édulcorant au café renforce encore l’effet « noctambule » de la caféine, conclut cette équipe de neurobiologistes de l’Université d'Hiroshima. Plus que l'ajout de sucre, celui d'édulcorant artificiel aux boissons contenant de la caféine stimule considérablement la période d’éveil. L’étude, à ce stade préclinique, publiée dans la revue npj Science of Food, suggère un double effet « dopamine » associé à la caféine et à un signal de récompense lié au goût sucré.
L’effet « couche-tard » de la caféine est « bilatéral ». Si la caféine peut retarder l’endormissement, de nombreuses personnes qui ont tendance ou sont contraintes de se coucher plus tard ont également tendance à consommer des boissons à base de caféine.
Des expériences sur des animaux (in vivo) et des cellules (in vitro) ont bien établi que la caféine prolonge la période d’éveil de l’horloge biologique interne. La démonstration d’un effet supplémentaire du sucre ou des édulcorants est effectuée ici in vivo, sur la souris, qui développe alors une activité locomotrice nocturne plus élevée.
L’étude utilise un capteur infrarouge pour surveiller l’activité de souris ayant accès à différentes boissons. L’expérience montre que :
- l’ajout de sucre ou d’édulcorant ne modifie pas la quantité de boisson caféinée consommée : cela suggère que les effets du sucre ajouté ou des édulcorants ne sont pas le résultat d’une simple consommation de caféine supplémentaire ;
- l'ajout au café d'édulcorants artificiels, plus que le sucre, perturbe l'horloge biologique des souris plus que le café seul ;
- au point d’entraîner une inversion du jour et de la nuit chez certaines souris ; une période d’éveil parfois prolongée jusqu’à 30 heures ;
- chez ces souris, l’éveil et l’activité se poursuivent, même lorsqu’elle sont soumises à une totale obscurité ;
- ainsi, les changements dans les rythmes d’activité des souris sont plus fortement affectés lorsqu’elles ont accès à des boissons avec caféine et avec du sucre ou d’autres édulcorants.
Si ces mêmes résultats étaient reproduits chez l’Homme, cela impliquerait des conséquences importantes pour la santé -liées au dérèglement de l’horloge biologique. Chez la souris, ces observations suggèrent que l'effet de la caféine et des édulcorants se produit en dépit du régulateur central de l'horloge interne du corps, le noyau suprachiasmatique (SCN), qui se trouve dans l'hypothalamus du cerveau. Ce régulateur central lui-même est normalement régi par la lumière et le cycle naturel jour-nuit, et il assure à son tour une synchronisation des horloges situées dans les tissus organiques ailleurs dans le corps.
Un double effet "récompense" : ainsi, la combinaison de la caféine et le goût du sucré pourrait créer un signal contradictoire dans le corps, peut-être médiatisé par une autre substance chimique, la dopamine. La caféine et les édulcorants activent tous deux le système de récompense dans le cerveau, ce qui entraîne la libération de dopamine.
C'est cette double dose de dopamine qui pourrait contribuer à la persistance de l'éveil et d'une activité de longue durée.
Source: npj Science of Food Aug, 2014 DOI: 10.1038/s41538-024-00295-6 Sweetened caffeine drinking revealed behavioral rhythm independent of the central circadian clock in male mice
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Cette actualité a été publiée le 2/03/2025 par
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