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CANCER COLORECTAL: Priver la tumeur de son nutriment préféré

Actualité publiée il y a 8 années 2 mois 2 jours
Nature Communications

Le cancer colorectal est le 3è cancer le plus fréquent dans le monde. En identifiant un nutriment nécessaire au métabolisme des cellules cancéreuses, en l’occurrence la glutamine, et en les en privant, ces chercheurs de la Case Western Reserve University (Ohio) réussissent à bloquer un type commun de cancer du côlon. Ces premiers résultats prometteurs, obtenus chez la souris et présentés dans la revue Nature Communications, incitent au lancement d’un essai clinique destiné à tester les effets d'un inhibiteur de la glutamine chez les patients atteints de tumeur colorectale avancée.

L'étude identifie aussi pourquoi les cellules du cancer colorectal ont besoin de ce nutriment spécifique et comment on peut les en priver : les cellules du cancer colorectal reprogramment leur métabolisme à l'aide de la glutamine, un acide aminé non essentiel, la glutamine. La survie de nombreuses cellules cancéreuses dépend ainsi de la glutamine.


Les chercheurs ont étudié un sous-ensemble de cellules de cancer colorectal contenant une mutation génétique appelée PIK3CA. Cette mutation située sur un gène essentiel dans la division et la mobilité cellulaires est retrouvée chez environ un cancer colorectal sur 3. Cette mutation est également identifiée dans d'autres cancers ce qui accroît la portée de cette étude. Les chercheurs ont regardé ensuite si cette mutation PIK3CA contribuait à des changements dans le métabolisme des cellules cancéreuses, et en particulier au métabolisme de nutriments comme la glutamine. Normalement, la glutamine est décomposée par les cellules cancéreuses en autres molécules à l'aide d'enzymes spécifiques. Ce système permet de produire de l'adénosine triphosphate, une source d'énergie pour toutes les cellules, et d'autres molécules essentielles pour la croissance des cellules du cancer colorectal, aussi.

Les cellules cancéreuses ont besoin de plus de glutamine : la recherche montre en effet que les cellules colorectales porteuses de la mutation PIK3CA « consomment » significativement plus de glutamine que les cellules sans la mutation. Plusieurs enzymes impliquées dans le processus et plus actives dans les cellules cancéreuses mutantes sont également identifiées, et contribuent à expliquer ce besoin accru de glutamine. Ces enzymes deviennent en effet trop actives dans les cellules cancéreuses mutantes en raison d'une cascade de signaux conduite par la protéine codée par le gène PIK3CA mutant. Cette constatation représente un découverte d'un nouveau lien entre la mutation PIK3CA, très courante, et un métabolisme spécifique de la glutamine dans les cellules cancéreuses.

Les cancers du côlon avec mutations PIK3CA sont accros à la glutamine : les chercheurs décident donc de regarder si priver ces cancers de glutamine, par de nouveaux médicaments, va permettre de stopper leur progression : c'est bien le cas in vitro, sur des cultures de cellules cancéreuses. Et in vivo, chez des souris modèles de cancer, chez qui l'exposition à un composé qui bloque le métabolisme de la glutamine, parvient à supprimer la croissance tumorale.

La demande de brevet est en cours et de prochains essais cliniques chez l'Homme sont déjà programmés.


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