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CANCER de la PROSTATE localisé : Prendre tout le temps de la décision

Actualité publiée il y a 1 année 9 mois 2 semaines
NEJM
Retarder le traitement d’un cancer localisé de la prostate n'augmente pas le risque de mortalité (Visuel Adobe Stock 159012220)

Retarder le traitement d’un cancer localisé de la prostate n'augmente pas le risque de mortalité, conclut cet essai, dont les résultats viennent d’être publiés dans le New England Journal of Medicine (NEJM). Ces taux de survie élevés relevés 15 ans après la radiothérapie ou la chirurgie, constituent de précieuses données en faveur de la surveillance active des cancers de la prostate non agressifs et à plus court terme, en faveur de l’absence de décision dans la précipitation.

 

Il s’agit de la dernière analyse des résultats de l'essai ProtecT, mené aux Universités d'Oxford et de Bristol, présentés également lors du Congrès de l'Association européenne d'urologie (EAU, Milan). Cette analyse réaffirme l’intérêt de la surveillance active -caractérisée par des tests réguliers pour vérifier que le cancer ne progresse ou ne se propage pas-, pour le cancer de la prostate localisé, et vs une radiothérapie ou une intervention chirurgicale. L'essai révèle également que les effets négatifs de la radiothérapie et de la chirurgie sur la fonction urinaire et sexuelle persistent beaucoup plus longtemps qu'on ne le pensait auparavant, parfois jusqu'à 12 ans chez certains patients.

La surveillance active permet la même survie et évite des effets indésirables sévères

dans le cas d’un cancer de la prostate localisé.

 

Pas de décision dans la précipitation : l’auteur principal, le Dr Freddie Hamdy, professeur à l'Université d'Oxford précise en effet, qu’au vu de ces résultats, « les décisions de traitement après un diagnostic de cancer de la prostate localisé à risque faible et intermédiaire n'ont pas besoin d'être précipitées : il est clair que, contrairement à de nombreux autres cancers, un diagnostic de cancer de la prostate ne doit pas être une cause de panique ou de prise de décision précipitée.

Les patients et les cliniciens peuvent et doivent prendre leur temps

et bien peser les avantages et les inconvénients possibles des différents traitements en sachant que cela n'affectera pas la survie ».

 

L'essai multisite est le plus long jamais mené sur le sujet. Il est aussi le premier à évaluer pleinement 3 options thérapeutiques majeures : la surveillance active, la chirurgie (prostatectomie radicale) et la radiothérapie avec hormonothérapie pour les hommes atteints d'un cancer localisé de la prostate. Mené entre 1999 et 2009 auprès de 1.643 participants âgés de 50 à 69 ans, ayant reçu un diagnostic de cancer localisé de la prostate après un test sanguin PSA, randomisés pour une surveillance active (n=545), une prostatectomie radicale (n=553) ou une radiothérapie radicale (n=545 ), ses critères principaux étaient les taux de mortalité, la progression et la propagation du cancer, et l'impact des traitements sur la qualité de vie. L’analyse montre que :

 

  • environ 97 % des hommes diagnostiqués avec un cancer de la prostate ont survécu 15 ans après le diagnostic, quel que soit le traitement reçu ;
  • environ un quart des hommes sous surveillance active n'avaient toujours pas eu besoin de traitement invasif pour leur cancer, 15 ans après le diagnostic ;
  • les patients des 3 groupes rapportent une qualité de vie globale similaire, en termes de santé mentale et physique générale ;
  • cependant, les effets négatifs de la chirurgie ou de la radiothérapie sur les fonctions urinaire, intestinale et sexuelle persistent chez les patients concernés beaucoup plus longtemps qu'on ne le pensait auparavant.

 

De précédentes études avaient conclu qu'après 10 ans de suivi, les hommes sous surveillance active sont 2 fois plus susceptibles de le voir progresser ou métastaser leur cancer que les patients qui subissent un traitement. L'hypothèse était alors un taux de survie plus faible, à long terme, pour ces hommes sous surveillance active. L’essai ProtecT, dont la durée de suivi est supérieure, soit de 15 ans n’aboutit pas à ces conclusions : les taux de survie restent élevés, à l’identique dans tous les groupes.

 

« C'est une très bonne nouvelle. La plupart des hommes atteints d'un cancer localisé de la prostate sont susceptibles de vivre longtemps, qu'ils reçoivent ou non un traitement invasif et que leur maladie se soit propagée ou non, donc une décision rapide de traitement n'est pas nécessaire et pourrait au contraire causer des dommages ».

 

Des cas particuliers bien sûr : il reste certainement -concluent les chercheurs- un petit groupe d'hommes atteints d’un cancer agressif qui ne peut répondre à aucun des traitements actuels, quelle que soit la rapidité avec laquelle ces traitements sont mis en œuvre. « Nous devons donc améliorer notre capacité à identifier ces cas particuliers et notre capacité à les traiter ».

 

Des implications majeures pour le diagnostic : l'essai met en effet en évidence les failles des méthodes actuelles pour prédire quels cancers de la prostate sont les plus susceptibles de se développer rapidement et de se propager. Ainsi, de nombreux participants avaient une maladie de grade et de stade plus élevé que diagnostiqués. Si en dépit de ce biais diagnostique, la mortalité est restée faible, ce biais reste un sujet de préoccupation.

 

« Il est clair que nous n'en savons toujours pas assez sur la biologie de cette maladie pour déterminer quels cancers seront les plus agressifs et des recherches supplémentaires sur ce point sont nécessaires de toute urgence ».


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