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CANCER de la THYROÏDE à faible risque : Quelle surveillance adopter ?

Actualité publiée il y a 5 années 1 mois 3 semaines
Journal of Clinical Oncology
Près d’un patient sur 4 diagnostiqués avec un cancer de la thyroïde reçoit plus de traitement que nécessaire.

Le cancer de la thyroïde, comme le cancer de la prostate est associé à un surtraitement fréquent. Une étude a montré que près d’un patient sur 4 diagnostiqués avec ce cancer reçoit plus de traitement que nécessaire. Un autre rapport a estimé que le surdiagnostic concerne jusqu'à 50-90% des cancers de la thyroïde chez les femmes dans les pays à revenu élevé. Ces tumeurs surdiagnostiquées ne seraient en fait que très peu susceptibles de causer des symptômes ou le décès. Le surdiagnostic et le surtraitement entraînent des risques pour le patient bien sûr, mais également des dépenses de santé inutiles. Cette nouvelle étude de l’Université du Michigan va plus loin en analysant les comportements des patients atteints d'un cancer de la thyroïde à faible risque, et qui ont néanmoins subi une ablation chirurgicale. Encore une fois, cette étude conclut dans le Journal of Clinical Oncology, que moins est souvent mieux pour la surveillance postopératoire de ces tumeurs à faible risque.

 

Si de nombreux médecins par principe de précaution vont opter pour l’ablation chirurgicale de la glande, y compris dans un certain nombre de cas lorsque le cancer est à faible risque, les patients eux-mêmes jouent un rôle non négligeable dans la prise de décision tant au niveau des traitements que de la surveillance. Il s'agit ici de la première étude à examiner les contributions et les attitudes différentes des patients, à l'égard des soins médicaux : les chercheurs identifient deux comportements principaux post-opératoires, les patients qui mobilisent un très grand nombre de ressources médicales, nommés ici les « maximizers » et ceux qui, une fois opérés, laissent « le problème » se résoudre de lui-même avec une surveillance standard, ce sont les « minimizers ».

Mobiliser un niveau élevé de ressources médicales n’est pas systématiquement liés à de meilleurs résultats.

Près de 70% des patients en « font trop » : l’étude est menée à partir des données des registres du National Cancer Institute de Géorgie et de Los Angeles soit de près de 2.200 patients diagnostiqués avec un cancer de la thyroïde, traité de manière efficace et actuellement en rémission de la maladie. Ces patients ont été interrogés sur les soins médicaux suivis au cours de l'année précédente et sur leurs attitudes vis-à-vis des soins. L’étude montre que :

  • dans l'ensemble, 31,6% des patients se comportent en « minimizers », 42,5% en « maximizers » modérés et 25,9% en « maximizers » extrêmes ;
  • ces derniers vont consulter-sur 1 année- au moins 4 fois leur médecin, passer 2 échographies ou plus du cou, un scanner ou plus à l'iode radioactif et une ou plusieurs études d'imagerie supplémentaires. Ce comportement est indépendant d'autres facteurs de confusion possibles (âge, sexe, ethnie, stade du cancer au moment du diagnostic et autres conditions médicales prévalentes).

 

 

Une surveillance excessive ne fait pas une grande différence dans le résultat global : si la responsabilité du patient de sa propre santé ne doit pas être remise en cause, et si optimiser la surveillance post-opératoire peut être avantageuse dans de nombreuses situations, l’étude menée par l’équipe du Rogel Cancer Center de l'Université du Michigan montre que, dans le cas de la surveillance à long terme du cancer thyroïdien traité à faible risque, les maximizers consomment davantage de ressources de santé (consultations médicales, tests biologiques et d'imagerie diagnostique) ce qui entraîne des coûts considérables sans améliorer clairement les résultats. Les minimizers vont quant à eux consulter le moins possible et laisser le temps à la récupération. « Ces résultats contribuent à expliquer pourquoi nous constatons des différences significatives dans la gestion du cancer de la thyroïde à faible risque, qui ne s'expliquent pas par des facteurs liés à la maladie », soulignent les auteurs.

 

Un recours exagéré à l'imagerie diagnostique : ce point notamment est relevé par l’équipe comme une source majeure de coûts de santé inutiles. Dans la plupart des cas, rien n'indique que ces analyses de précaution supplémentaires améliorent la survie du patient, conclut l’auteur principal de l’étude, le Dr Megan Haymart, endocrinologue à la Michigan Medicine. Considérés également par les chercheurs comme un « surtraitement », ces examens de suivi entraînent non seulement des coûts économiques élevés, mais également des coûts médicaux. Avec, là encore des risques possibles pour les patients dont les faux positifs, une inquiétude ou anxiété accrue, l'intensification inutile du traitement, ainsi que les effets secondaires potentiels d'un traitement supplémentaire, tels qu'un changement de la voix et un affaiblissement du taux de calcium si le patient subit une intervention chirurgicale supplémentaire.

 

Le cancer de la thyroïde est un bon modèle d’étude de l'impact des attitudes des patients sur l'utilisation des ressources médicales après chirurgie. Les médecins doivent également comprendre à quel point l'attitude des patients peut influer sur la quantité de ressources de santé que ces patients mobilisent, entraînant non seulement des dépenses de santé inutiles mais aussi des risques pour leur santé.

 

« On a trop tendance à penser que le cancer est si mauvais qu'il est nécessaire de mobiliser tous les moyens à notre disposition. Mais ce n'est pas toujours le cas. Dans certaines situations cliniques, une surveillance raisonnable peut être préférable. Dans ces cas-là, les médecins devraient peut-être mieux expliquer aux patients les avantages possibles d'une approche moins intensive ».

Bien entendu, l'étude fait état d'un constat global, mais, pour chaque patient, les décisions thérapeutiques doivent être personnalisées.


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