CANCER de l’ŒSOPHAGE : Une augmentation alarmante
C’est le signal d’alarme lancé par cette équipe de gastroentérologues de l’Université de Floride, Gainesville qui documentent, lors de la Digestive Disease Week® (DDW) de l’American Gastroenterological Association, « l’augmentation alarmante » du cancer de l'œsophage et de l'œsophage de Barrett chez les adultes d'âge moyen. De nouvelles données qui plaident pour un dépistage endoscopique plus fréquent et plus précoce.
On estime que la prévalence de l'œsophage de Barrett (OB) est d'environ 1% mais la maladie peut être asymptomatique chez jusqu'à 90% des patients. C’est donc un tueur silencieux avec des symptômes minimes jusqu'à un stade avancé. L'œsophage de Barrett - la principale lésion précurseur de l'adénocarcinome de l'œsophage, qui commence dans les cellules glandulaires de la muqueuse de l'œsophage - est principalement causé par un reflux acide chronique. D'autres facteurs de risque incluent l'âge avancé, le sexe masculin, l'obésité, le tabagisme et la consommation d'alcool.
10 à 15% des personnes atteintes de RGOC développent un OB, avec les mêmes symptômes du RGO (brûlures d'estomac, régurgitations acides, nausées, difficultés de déglutition, perte d'appétit, perte de poids, ulcères peptiques de l'œsophage et sténose œsophagienne), mais en plus sévères. Les patients atteints d'OB ont ensuite un risque de développer un cancer de l'œsophage et ce risque est estimé à 30 à 125 fois plus élevé qu'en population générale.
L’incidence du cancer de l'œsophage en France est estimée à environ 5.000 cas par an. Dans 80 % des cas, il touche des hommes âgés de plus de 55 ans, et dans 90 % des cas, il est lié à la consommation de tabac et/ou d'alcool.
Plusieurs facteurs de risque et pas d’endoscopie chez la plupart des patients
L’étude qui a analysé les données de plus de 5 millions de dossiers électroniques de patients, révèle que chez les adultes âgés de 45 à 64 ans, cette incidence a presque doublé entre 2012 et 2019. « Une forte croissance de prévalence qui devrait préoccuper les médecins et les inciter à dépister davantage de patients d'âge moyen à risque plus élevé », relève l’auteur principal, le Dr Bashar J. Qumseya, professeur agrégé de médecine et chef du Service endoscopie de l'Université de Floride, Gainesville. « Chaque fois que nous constatons une augmentation de prévalence d'un type de cancer, nous devons nous demander si cela est dû à un meilleur dépistage ou s'il s'agit d'une véritable augmentation de la prévalence de la maladie. Notre étude démontre qu’il s’agit d’une augmentation de la prévalence de la maladie ». Ainsi, l(‘analyse révèle, qu’au cours de la période de suivi,
- le taux d'endoscopie (ou œsophagogastroduodénoscopie - EGD) n'a pas bougé ;
- l'incidence la plus élevée est toujours retrouvée chez les plus de 65 ans ;
- le taux de cancer a néanmoins presque doublé dans le groupe d'âge de 45 à 64 ans, passant de 49/ 100.000 à 94/100.000 ;
- la prévalence de l'œsophage de Barrett dans ce même groupe d’âge a augmenté d'environ 50 %, passant de 304 à 466 pour 100.000 patients.
Quelle implication ? Les patients d'âge moyen présentant de multiples facteurs de risque bénéficieraient d'un dépistage plus précoce et/ou plus fréquent : « alors que de nombreux patients font des coloscopies à partir de 45 ans, ceux qui présentent de multiples facteurs de risque pourraient effectuer une endoscopie en même temps ».
« D'après d'autres analyses que nous avons menées sur cet ensemble de données, nous savons que même les patients présentant 4 facteurs de risque ou plus de cancer de l'œsophage ne subissent pas d'endoscopie. Il est donc clair que nous pouvons faire mieux ».
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