CANCER du COL : Cibler les cellules zombies pour augmenter la survie
Cibler les cellules « zombies » sénescentes pourrait permettre d’augmenter la survie du cancer du col de l’utérus, conclut cette équipe de cancérologues de l'Université Augusta (Géorgie). Leur étude, publiée dans la revue Cancers montre que la réponse au traitement et la survie sont corrélées au niveau de 10 protéines dans le sang associées à un état cellulaire « zombie » appelé sénescence.
Les Drs. Jin-Xiong She et Sharad Purohit évaluent les niveaux de ces protéines dans le sang de 565 femmes péruviennes atteintes d'un cancer du col de l'utérus de stades 2 et 3, ayant reçu des traitements standards (curiethérapie, radiothérapie externe ou une combinaison des deux). Cette analyse constate que les femmes ayant de faibles niveaux de protéines sécrétées par les cellules sénescentes ont des taux de survie plus élevés que celles ayant des niveaux élevés de ces phénotypes associés à la sénescence, ou SASP (senescence-associated secreted phenotypes).
La curiethérapie, le traitement le plus adapté en cas de niveaux élevés de SASP
La curiethérapie qui consiste à implanter une source de rayonnement près du col de l'utérus, permet d’améliorer considérablement la survie des patientes présentant des niveaux élevés de ces SASP, mais en revanche est peu efficace chez les patientes à faibles niveaux.
La sénescence cellulaire est à nouveau documentée comme un facteur déterminant majeur pour la survie et la réponse thérapeutique dans le cancer, ici du col de l'utérus. Ces résultats suggèrent que la thérapie de réduction de la sénescence peut être une stratégie efficace pour améliorer le résultat thérapeutique du cancer du col de l'utérus.
Mieux traiter le cancer du col de l'utérus, la 12è cause de cancer et le cancer gynécologique le plus courant, passe par l’identification de ces facteurs déterminants pour la réponse aux différents traitements et pour la survie, conclut le Dr Jin- Xiong She, directeur du Center for Biotechnology and Genomic Medicine, de la Georgia Research Alliance.
Gérer la sénescence pour améliorer le traitement du cancer du col
Chez les femmes présentant des taux sanguins de SASP modérés à élevés, l'utilisation d'une classe de médicaments appelés sénolytiques qui ciblent justement ces cellules sénescentes et les éliminent, devra être testée comme traitement d'appoint, ajoute le Dr Sharad Purohit, biochimiste.
Bien que le cancer du col soit en grande partie évitable par des frottis réguliers qui peuvent détecter des changements précoces précancéreux ou par des vaccins contre le HPV, les taux de survie des femmes atteintes à stades avancés stagnent depuis des décennies. En fait, si les taux de survie des cancers les plus courants se sont améliorés depuis les années 70, ce n’est pas le cas pour le cancer du col de l'utérus et de l'endomètre. Il existe donc une marge d’amélioration dans la prise en charge de ce cancer et cibler la sénescence est l’une des pistes thérapeutiques prometteuses pour atteindre cet objectif.
Mais comment en pratique clinique ?
- 19 protéines sécrétées par des cellules pathologiques sont ici identifiables à des niveaux sanguins élevés, par biopsie liquide chez ces patients atteintes de cancer du col avancé et âgées en moyenne de 49 ans ;
- les niveaux de 10 de ces protéines ont un impact sur la survie chez ces patientes, montrent les scientiques à l’aide d’un modèle d’apprentissage automatique. Ces protéines s’avèrent associées à la sénescence cellulaire, soit en tant que SASP largement destructeurs et inflammatoires eux-mêmes, soit impliquées dans la régulation des SASP.
Si les cellules cancéreuses sont plus généralement associées à une reproduction rapide qui favorise la croissance du cancer, les cellules sénescentes ne peuvent pas se diviser et se reproduire. Cependant, ces cellules cancéreuses sénescentes sécrètent comme des « mauvaises choses », qui contribuent à créer un état inflammatoire favorable au développement et à la propagation du cancer ; enfin, elles forment comme un rempart contre la radiothérapie et modifient vraiment la réponse au traitement. D’où l’intérêt de la curiethérapie.
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