Cancer du SEIN : Les cellules cancéreuses se collent pour mieux métastaser
Cette équipe de la Johns Hopkins Medicine décrypte, dans la revue Nature, le processus par lequel une molécule, la cadhérine-E permet aux cellules cancéreuses de se coller les unes aux autres et favorise ainsi le développement des métastases dans le cancer du sein. La cadhérine-E qui permet en fin de compte aux cellules cancéreuses du sein de mieux survivre lorsqu'ensemble elles traversent le corps pour former de nouvelles tumeurs, constitue ainsi une cible prometteuse pour de nouveaux traitements visant à prévenir les métastases et la récidive du cancer du sein chez les patientes.
Ces conclusions issues d'expériences menées en laboratoire et sur des souris modèles, contribuent à expliquer le développement des métastases dans la forme la plus courante de cancer du sein, le carcinome canalaire invasif. Un groupe de cellules cancéreuses s'échappe d'une tumeur au sein et les connexions induites par la cadhérine-E entre les cellules du groupe favorisent la survie des cellules cancéreuses pendant leur propagation métastatique (Voir visuel).
Prévenir les métastases, un objectif crucial de la recherche sur le cancer
Les cadhérines, des protéines transmembranaires sont déjà connues pour cette fonction d’adhérence qui permet aux cellules de se lier entre elles. Mais, jusqu’à ces travaux, les chercheurs pensaient qu'il était nécessaire que les cellules cancéreuses perdent la cadhérine-E pour pouvoir métastaser, explique l’auteur principal, le Dr Andrew Ewald, professeur de biologie cellulaire au Centre de cancérologie Kimmel de la Johns Hopkins. « Pourtant, les tumeurs du sein continuent généralement à exprimer la cadhérine-E ». Ce constat a donc engagé les chercheurs à tenter de mieux comprendre le rôle de cette protéine au cours du processus de métastase. D’autant que la très grande majorité des décès liés au cancer du sein et à d’autres cancers sont dus aux métastases. Si de précédentes recherches ont été consacrées au lien moléculaire entre les cellules cancéreuses via la protéine cadhérine-E, le rôle de la protéine reste mal compris. Ainsi, dans certains cancers, comme le carcinome lobulaire invasif, les mutations génétiques qui éliminent la cadhérine-E semblent être essentielles à la survenue de métastases.Cependant, dans d'autres types de cancer, comme le carcinome canalaire invasif, la forme la plus courante de cancer du sein, la protéine est surexprimée. Des différences que les scientifiques ne savent pas expliquer.
La métastase est caractérisée par plusieurs étapes distinctes,
- lorsque les cellules cancéreuses envahissent le tissu mammaire sain,
- lorsqu’elles échappent à la tumeur primitive,
- lorsqu’elles pénètrent dans les vaisseaux sanguins et survivent,
- lorsqu’elles atteignent de nouveaux organes et survivent,
- l’ensemencement d'une nouvelle tumeur dans un organe distant, comme les poumons.
Le rôle de la cadhérine-E est testé sur 3 modèles expérimentaux de carcinome canalaire invasif (cancer du sein luminal, basal et triple négatif). Ces sous-types ont différents modèles d'expression génique et induisent différents pronostics chez les patients. Parmi les principales constatations :
- Dans ces 3 modèles, la perte du gène codant pour la cadhérine-E accroît considérablement la capacité des cellules cancéreuses à envahir les tissus sains ;
- Cependant, la perte de la cadhérine-E bouleverse aussi tous les stades biologiques de la métastase : les cellules privées de cadhérine-E se perdent au cours de leur migration et meurent en grand nombre à chaque étape après avoir quitté la tumeur primitive ; les rares cellules qui parviennent à migrer et à survivre n’atteignent pas de nouveaux organes et forment très rarement de nouvelles tumeurs.
L’étude suggère ainsi des rôles contradictoires de la cadhérine-E. Si son absence semble favoriser la migration cellulaire, cependant, les cellules cancéreuses du sein semblent en avoir besoin pour survivre et s'agglutiner en métastases. La cadhérine-E apparait donc comme une cible prometteuse pour prévenir la formation de métastases et améliorer le pronostic pour de nombreuses patientes.
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