CANCER du SEIN : Sa récurrence n’est pas toujours liée à la tumeur primaire
Les tumeurs mammaires non invasives récurrentes ne sont pas toujours liées à la lésion primaire, alerte cette équipe de cancérologues du Peter MacCallum Cancer Center de Melbourne (Australie). L’étude, présentée lors de la Réunion annuelle de l’American Association for Cancer Research (AACR) suggère en pratique de traiter ces patientes présentant des lésions récurrentes génétiquement distinctes de la tumeur primaire, avec un protocole différent.
Les chercheurs se sont concentrés sur le carcinome canalaire in situ (CCIS) dont plus de 10 % des cas de récurrence sont des tumeurs « de novo » qui se produisent indépendamment de la lésion primaire et présentent des altérations génétiques distinctes. L’auteur principal, Tanjina Kader, chercheur au Cancer Center de Melbourne, rappelle que ce type de cancer du sein est une lésion précancéreuse représentant environ 25 % des cas et que la moitié des récidives sont des cancers invasifs avec des conséquences pouvant être mortelles.
Toutes les récidives du CCIS ne sont pas liées à la tumeur primaire
Aucune recherche n’avait jusque-là vérifié si toutes les tumeurs secondaires survenant dans le même sein (ipsilatéral) sont directement liées à la tumeur d'origine. « Savoir dans quelle mesure les « nouvelles » tumeurs primaires sont fréquentes peut permettre d’identifier un biomarqueur tumoral efficace à prédire de nouvelles tumeurs de novo ». L’étude a exploré sur 65 CCIS primaires avec cas de récidive les modifications génétiques, dans le but de comprendre à quelle fréquence une récidive est une nouvelle tumeur, ce qui a des implications pour le traitement des patientes.
Suivre l'évolution des tumeurs primaires et secondaires au fil du temps : les chercheurs ont effectué un séquençage d'ADN de la tumeur primaire et de la tumeur récidivante afin d’obtenir des informations sur les mutations et les changements dans le nombre de copies de gènes. Ils ont ensuite utilisé plusieurs approches statistiques pour analyser les données de séquençage et effectuer des analyses phylogénétiques des échantillons de tumeurs. Ce type d'analyse leur a permis d'établir si le CCIS primaire et les tumeurs récurrentes partageaient des événements génétiques cancérigènes et étaient donc dérivés d'une cellule « ancêtre » commune. L’analyse révèle que :
- si la majorité des cas récurrents sont dérivés d'une cellule ancêtre commune et partagent ainsi les mêmes événements génétiques que la tumeur d'origine,
- 12 % des tumeurs récurrentes sont de nouvelles lésions primaires, de novo, sans rapport avec le CCIS d'origine.
Les implications pour la prise en charge clinique des patientes : en effet, la survenue d'une nouvelle lésion primaire chez une même patiente suggère un environnement mammaire à haut risque dans lequel de nouvelles tumeurs peuvent se développer au fil des ans. Ces patientes sont donc candidates à une chirurgie préventive d'ablation mammaire même si la tumeur est petite, et, a minima, doivent passer des tests génétiques pour valider une prédisposition génétique.
Des variations spécifiques : des variations de certains gènes, dont du gène TP53, sont fréquemment détectées dans les récidives liées à la lésion primaire, mais ces variations génétiques sont en revanche rares dans les cas primaires de CCIS qui ne récidivent pas et dans les récidives non clonales ou indépendantes de la tumeur primaire. Ces variations de TP53 constituent ainsi un marqueur de récidive de novo dans le CCIS.
Pris ensemble, ces données suggèrent que lorsque les patientes ont une récidive apparente de CCIS, la décision de traitement doit préalablement déterminer si la lésion récurrente est liée à la tumeur d'origine, car les femmes qui développent un deuxième CCIS indépendant ou un nouveau cancer sont plus susceptibles de présenter un risque plus élevé de tumeurs, soit une prédisposition génétique globale.
Des recherches supplémentaires vont être menées pour mieux comprendre la biologie de la récurrence du CCIS et sa progression vers une maladie invasive, ainsi que le rôle joué par le microenvironnement tumoral et le système immunitaire.
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