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CANNABIS: Une explication cérébrale à l'exclusion sociale?

Actualité publiée il y a 8 années 8 mois 4 jours
Biological Psychiatry: Cognitive Neuroscience and Neuroimaging

Cette étude suggère une explication au comportement social fréquemment en retrait des usagers de cannabis. En effet, les chercheurs du Massachusetts General Hospital identifient ici, dans le cerveau des jeunes consommateurs, une réponse différente à l'exclusion sociale. Ces travaux, présentés dans la revue Biological Psychiatry: Cognitive Neuroscience and Neuroimaging, montre que l'activation de l'insula, une zone du cerveau généralement active pendant le rejet social, est réduite chez ces jeunes utilisateurs. Cause ou conséquence ? L’étude ne tranche pas. Et si ses conclusions suggèrent ainsi une réponse neuronale à l'exclusion sociale différente chez les utilisateurs de marijuana, il reste à vérifier que cela se traduit par des différences réelles dans le comportement social et peut expliquer la propension au retrait dans la vraie vie.

Le Dr Jodi Gilman, professeur de psychologie en psychiatrie à la Harvard Medical School et auteur principal de l'étude, rappelle que finalement si la consommation de cannabis est majoritairement une consommation « de groupe », on en sait peu sur les corrélats neuraux du rejet ou retrait social chez les usagers. Son étude qui montre une réduction inattendue de l'insula face à une telle situation peut indiquer que les utilisateurs de marijuana sont moins conscients des normes sociales ou ont réduit leur capacité à ressentir les situations sociales négatives. Cependant la question cause ou conséquence reste en suspens.


De précédentes études ont montré que les adolescents et les jeunes adultes qui consomment du cannabis sont plus susceptibles de développer des troubles de la pensée et de l'apprentissage, en particulier lorsque la consommation se fait à une période précoce où le cerveau est encore en développement. Certaines études ont montré que les jeunes socialement isolés sont plus susceptibles de fumer (du tabac) ou de consommer des substances, d'autres ont documenté cette propension en cas de avec des groupes de pairs toxicomanes.

Cette nouvelle étude a été menée sur 42 jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans consommateurs réguliers de cannabis à raison de 2 à 4 fois par semaine vs 22 témoins n'ayant pas consommé (récemment). Les participants ont été invités à prendre part à une tâche informatisée appelée « Cyberball », reconnue pour évaluer la réponse au rejet social. Le système était programmé pour faire varier le nombre de fois auxquelles la balle était lancée au participant. Après une période au cours de laquelle le participant recevait la balle 75% du temps, une seconde période durant laquelle la balle n'était jamais lancée au participant, était programmée une troisième période au cours de laquelle le participant était à nouveau inclus dans le jeu. Durant la séance, le cerveau des participants était observé par IRM, avec un focus particulier sur 3 zones associées à la réponse à l'exclusion sociale, l'insula antérieure, le cortex ventral cingulaire antérieur et le cortex orbitofrontal. Cette dernière zone n'ayant montré aucune activation significative au cours de l'expérience et chez les 2 groupes, seules les données portant sur les 2 autres zones ont été analysées. Après la séance, tous les participants ont été informés qu'ils avaient joué contre un ordinateur et ont été interrogés sur la détresse qu'ils avaient ressenti pendant la période d'exclusion. L'expérience montre que,

· Si les 2 zones, insula antérieure et cortex ventral cingulaire antérieur sont activées chez les participants non utilisateurs de cannabis pendant la période d'exclusion, chez les utilisateurs, l'insula « ne bronche » pas.

· Enfin, quant au cortex ventral cingulaire antérieur, s'il marque une activation chez les utilisateurs, cette activation semble associée aux niveaux de « conformité » (ou d'influence) avec leurs pairs consommateurs de cannabis. Les auteurs suggèrent ici que cette plus grande sensibilité à l'influence des pairs, chez les utilisateurs de marijuana peut suggérer « un modèle plus immature du développement du cerveau ».


On retiendra donc des réponses cérébrales objectivement différentes à l'exclusion sociale chez les consommateurs de cannabis
, sans pouvoir affirmer cependant que ces différences, constatées à l'IRM puissent se traduire directement par un comportement social spécifique dans la vraie vie. Enfin la question demeure : est-ce l'usage du cannabis qui induit ces différences de réponse cérébrale ou sont-elles facteur de consommation ?


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