Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

CARIE DENTAIRE : Mais pourquoi cette sensibilité au froid ?

Actualité publiée il y a 3 années 8 mois 5 jours
Science Advances
Environ 2,4 milliards de personnes -soit un tiers de la population mondiale- souffrent de caries dentaires non traitées  (Visuel Adobe Stock 84742781)

Environ 2,4 milliards de personnes -soit un tiers de la population mondiale- souffrent de caries dentaires non traitées ce qui peut entraîner une sensibilité extrême au froid. Pour ces personnes atteintes de caries, boire une boisson froide peut entraîner une sensation de douleur « atroce ». Mais pourquoi cette sensation de froid si particulière ? Cette équipe internationale de scientifiques dont des chirurgiens-dentistes de l’Institut médical Howard Hughes (Maryland) identifie les facteurs moléculaires et cellulaires impliqués, dans la revue Science Advances, et nous explique comment les dents ressentent le froid.

 

Chez les souris comme chez les humains, des cellules dentaires appelées odontoblastes contiennent des protéines sensibles au froid qui détectent les baisses de température, rapporte l'équipe. Ces protéines envoient des signaux au cerveau qui peuvent finalement déclencher cette décharge de douleur.

Les odontoblastes contenant le canal ionique TRPC5 (vert) situés juste à la limite entre la pulpe et la dentine dans la molaire transmettent des signaux de douleur en cas d’exposition au froid (Visuel L. Bernal et al./Science Advances 2021)

« C'est juste atroce »,

commente David Clapham, directeur scientifique du Howard Hughes Medical Institute (HHMI) qui propose un remède « maison » séculaire pour soulager ces maux de dents. Avec pour ingrédient principal, l'huile de girofle, utilisée depuis des siècles en dentisterie, qui contient un produit chimique qui bloque la protéine qui joue ce rôle de « capteur de froid». Il est donc possible de développer des traitements qui ciblent encore plus spécifiquement ce capteur et pourraient ainsi éliminer la sensibilité dentaire au froid, explique Katharina Zimmermann, électrophysiologiste à l'Université Friedrich-Alexander d'Erlangen-Nürnberg, co-auteur de l’étude.

 

Comprendre le processus : les dents se décomposent lorsque des films de bactéries et d'acide rongent l'émail et lorsque l'émail s'érode, des cavités se forment.

  • Une hypothèse émise pour expliquer la sensation de froid était celle de minuscules canaux qui à l'intérieur des dents contiennent du liquide et qui se déplacent avec les changements de température. Les nerfs pourraient alors percevoir la direction de ce mouvement, qui indique si une dent est chaude ou froide...Cependant, cette théorie n’a jamais été démontrée, en particulier parce que le mouvement des fluides dans les dents et la biologie dentaire en général sont difficiles à étudier.

 

  • L’équipe s’est donc concentré sur les canaux ioniques, les pores des membranes cellulaires qui agissent comme des portes moléculaires. Après avoir détecté un signal -qui peut être un changement de température - les canaux se bloquent ou s'ouvrent largement et laissent les ions inonder la cellule. Cela crée une impulsion électrique qui passe de cellule en cellule. C'est un moyen rapide et bien documenté d'envoyer des signaux au cerveau, mais aussi au cœur et vers d'autres tissus. L’un des chercheurs avait déjà montré qu’un canal en particulier « TRPC5 » était très sensible au froid. Cependant, des souris privées de ce canal ionique pouvaient encore ressentir le froid…

 

  • Les chercheurs se sont donc rabattus sur d’autres tissus du corps pouvant ressentir le froid. Ils démontrent ici que c’est la dent entière, dans laquelle la protéine TRPC5 est largement présente, qui via TRPC5 fonctionne comme un capteur de froid. L'équipe a enregistré l'activité neuronale lorsqu'une solution glacée touchait la dent. Chez des souris normales, cette exposition au froid déclenche une activité nerveuse, indiquant que la dent, même indemne, ressent le froid. Cependant, chez les souris dépourvues de TRPC5 ou chez les dents traitées avec un produit chimique bloquant le canal TRPC5, ce n’est plus le cas. Le canal ionique TRPC5 peut donc détecter le froid, mais un autre canal ionique étudié par l'équipe, TRPA1, semble également jouer un rôle clé.

 

Les cellules odontoblastes : TRPC5 est très présent dans à un type de cellule spécifique, l'odontoblaste, qui réside entre la pulpe et la dentine. Dans une dent à la dentine exposée, les odontoblastes « concentrés » en TRPC5 captent la sensation de froid et adressent un signal au cerveau.

 

Ce décryptage du circuit de la douleur et de la sensibilité au froid en cas de carie dentaire révèle ainsi plusieurs cibles, TRPC5, TRPA1, les cellules odontoblastes pour le développement de nouveaux traitements ainsi que la dent dans son entité…qui doit être soignée.