CHAIR de POULE : Mais qu’est-ce c’est ?
Mais quel est le processus sous-jacent à cet effet soudain dénommé « chair de poule » ? Ces scientifiques de Harvard se sont posé la question et nous expliquent comment, dans la revue Cell, les mêmes types de cellules souches contrôlent la croissance des cheveux et donnent la chair de poule. Si la chair de poule a certainement joué un rôle de protection contre le froid pour les animaux à fourrure épaisse, l'étude contribue ainsi à expliquer pourquoi l’évolution a préservé cette réaction chez l’Homme ?
Les scientifiques de Boston ont découvert la raison de la persistance du phénomène chez les humains : les types de cellules qui causent la chair de poule sont également impliquées dans la génération des follicules pileux et des cheveux. Ainsi, sous la peau, le muscle qui se contracte pour créer la chair de poule relie le nerf sympathique aux cellules souches du follicule pileux. En réaction au froid, par exemple, le nerf sympathique induit la contraction du muscle et entraîne ainsi « la chair de poule ».
Ainsi, l’environnement extérieur impacte l’activité des cellules souches !
Et la chair de poule en est une illustration : cette découverte réalisée sur des souris permet en effet de mieux comprendre comment différents types de cellules interagissent pour adapter l'activité et la fonction des cellules souches aux changements de l'environnement extérieur.
Comprendre les comportements des cellules souches face aux stimuli externes : la peau est un terrain d’étude fascinant pour mieux comprendre ces réactions : elle possède plusieurs types de cellules souches entourées d’autres types de cellules et se situe exactement à l'interface entre notre corps et le monde extérieur. Par conséquent, "les cellules souches de la peau sont soumises à un très large éventail de stimuli », rappelle l’auteur principal Ya-Chieh Hsu, professeur agrégé en biologie régénérative.
Un système de régulation de la pousse des poils et des cheveux : de nombreux organes sont constitués de trois types de tissus : l'épithélium, le mésenchyme et le nerf. Dans la peau, ces trois lignées sont organisées dans un arrangement spécial :
- le nerf sympathique, partie de notre système nerveux - qui contrôle l'homéostasie corporelle et nos réponses aux stimuli externes-, se connecte à un petit muscle lisse du mésenchyme ;
- ce muscle lisse se connecte à son tour aux cellules souches du follicule pileux, un type de cellule souche épithéliale essentiel à la régénération du follicule pileux ainsi qu'à la cicatrisation des plaies ;
Sous un froid prolongé, le nerf est activé à un niveau beaucoup plus élevé et libère plus de neurotransmetteurs provoquant l'activation rapide des cellules souches, la régénération du follicule pileux et la croissance de nouveaux cheveux. Mais le froid déclenche aussi l'envoi d'un signal nerveux par les neurones sympathiques et le muscle réagit en se contractant et en faisant se dresser les poils (et les cheveux). Ici, les scientifiques constatent par microscopie électronique que le nerf sympathique est non seulement associé au muscle, mais est également connecté en direct avec les cellules souches du follicule pileux. En fait, le muscle s’avère un support structurel nécessaire pour relier le nerf sympathique au follicule pileux.
Bref, c'est une réponse à deux niveaux :
la chair de poule est un moyen rapide de fournir une sorte de soulagement à court terme. Mais quand le froid dure, cela devient un mécanisme intéressant pour que les cellules souches sachent qu'il est peut-être temps de régénérer les follicules pileux !
« Nous vivons dans un environnement en constante évolution. La peau étant toujours en contact avec le monde extérieur, cet organe nous permet d'étudier les mécanismes que les cellules souches de notre corps utilisent pour adapter la production tissulaire à l‘évolution des besoins, ce qui est essentiel pour notre survie dans ce monde dynamique ».