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CHALEUR : Près de 50.000 décès par an en Europe

Actualité publiée il y a 1 mois 11 heures 27 min
Nature Medicine
L'étude révèle également une vulnérabilité plus élevée chez les femmes et confirme une  vulnérabilité extrême chez les personnes âgées (Visuel Fotolia 66229283)

La chaleur a causé plus de 47.000 décès en Europe en 2023, c’est ainsi aujourd’hui, le deuxième facteur de mortalité. Des données qui seraient considérablement aggravées -soit une mortalité liée à la chaleur 80 % plus élevée- si les nombreuses mesures sanitaires « d’adaptation » n’avaient pas été mises en œuvre au cours du siècle actuel. Ce bilan mené par des épidémiologistes du Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), publié dans la revue Nature Medicine, révèle également une vulnérabilité plus élevée chez les femmes et confirme une  vulnérabilité extrême chez les personnes âgées.

 

47.000 décès sont ainsi directement attribuables à la chaleur en Europe à cause des températures élevées de 2023, l'année la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle mondiale et la deuxième plus chaude en Europe. Face à ce changement climatique, les sociétés ont su s’adapter, dans une certaine mesure, et leur vulnérabilité à la chaleur a tout de même progressivement diminué.

 

Sans ces processus d'adaptation sociétale, la charge de mortalité liée à la chaleur au cours de l'année écoulée aurait été 80 % plus élevée.

Il faut continuer à s’adapter

L'étude utilise la méthodologie d’un précédent bilan, publié pour 2022 dans la même revue. Cette année-là, la chaleur avait causé plus de 60.000 décès au cours de l'été, ce qui représentait la plus forte charge de mortalité liée à la chaleur de la dernière décennie.

 

En pratique, les chercheurs utilisent les relevés de température et de mortalité de 823 régions de 35 pays européens pour la période 2015-2019 afin d'ajuster leur modèle épidémiologique pour estimer la mortalité liée à la chaleur dans chaque région européenne sur une année en particulier, ici 2023.

 

Contrairement à l'été 2022, caractérisé par des températures extrêmes persistantes dans la partie centrale de la saison de mi-juillet à mi-août, aucune anomalie thermique importante n'a été enregistrée au cours des mêmes semaines en 2023. Cependant, 2 pics de température à la mi-juillet et à la fin août sont responsables de plus de 57 % de la mortalité globale estimée, soit de plus de 27.000 décès.

Ce sont donc les pics qui sont les plus meurtriers.

  • Les pays du sud de l'Europe sont, à l’évidence, les plus touchés : à savoir la Grèce (393 décès par million), la Bulgarie (229 décès par million), l'Italie (209 décès par million), l'Espagne (175 décès par million), Chypre (167 décès par million) et le Portugal (136 décès par million).
  • Les femmes et les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus vulnérables à la chaleur :
  • le taux de mortalité liée à la chaleur est 55 % plus élevé chez les femmes vs les hommes ;
  • le taux de mortalité liée à la chaleur est 768 % plus élevé chez les personnes de plus de 80 ans vs 65-79 ans.

 

La mortalité liée à la chaleur reste sous-estimée, en particulier en raison de l’indisponibilité de données quotidiennes et homogènes sur la mortalité. Ainsi, l’utilisation de données hebdomadaires sous-estime la charge de mortalité : le nombre de décès liés à la chaleur en 2023 serait plutôt de l’ordre de 58.000 décès dans les 35 pays étudiés, si les données prises en compte étaient quotidiennes.

 

Adapter nos sociétés à la chaleur permet de prévenir jusqu’à 80 % de la mortalité : les auteurs estiment que si les températures enregistrées en 2023 avaient eu lieu au cours de la période 2000-2004, la mortalité estimée liée à la chaleur aurait dépassé les 85.000 décès.

 

« En 2023, près de la moitié des jours ont dépassé le seuil de 1,5°C fixé par l'Accord de Paris et

l'Europe se réchauffe à un rythme 2 fois plus rapide que la moyenne mondiale.

Les projections climatiques indiquent que la limite de 1,5°C est susceptible d'être dépassée avant 2027, ce qui nous laisse une très petite fenêtre d'opportunité pour agir ».

 

« Nous devons tenir compte du fait que les limites inhérentes à la physiologie humaine et à la structure sociétale sont susceptibles de limiter le potentiel d'adaptation supplémentaire à l'avenir », concluent les auteurs.