CHANGEMENT CLIMATIQUE : Températures extrêmes et mortalité cardiovasculaire
Les journées extrêmement froides mais aussi extrêmement chaudes sont indiscutablement liées à une mortalité de cause cardiovasculaire plus élevée, conclut cette très large étude internationale publiée dans la revue Circulation. L’insuffisance cardiaque apparaît notamment et plus que d’autres maladies cardiovasculaires, comme une cause majeure de décès lors de ces pics de températures extrêmes.
Les conclusions de cette analyse multinationale couvrant au total plus de 32 millions de décès cardiovasculaires une quarantaine d’années, qui confirme un pic de décès les jours où les températures sont les plus élevées ou les plus basses sont évidemment très préoccupantes en regard du réchauffement climatique. Face à ce changement climatique, d’autres recherches sont nécessaires de toute urgence pour mieux identifier les facteurs et mieux prévenir les causes de cet excès de mortalité lié aux températures extrêmes.
Les températures extrêmes induisent des pics de mortalité
Cet effet de mortalité est principalement observé chez les personnes déjà atteintes de maladies cardiovasculaires, dont les cardiopathies ischémiques (problèmes cardiaques causés par le rétrécissement des artères cardiaques), ayant déjà connu des accidents vasculaires cérébraux, ou souffrant d’insuffisance cardiaque et d'arythmie. L'insuffisance cardiaque arrivant « en tête » de ces causes.
Le climat pourrait effacer tous les progrès accomplis, souligne l’auteur principal, le Dr Barrak Alahmad, chercheur au Harvard T.H. Chan School of Public Health de l'Université Harvard à Boston : « La baisse des taux de mortalité cardiovasculaire depuis les années 1960 est une énorme réussite en santé. Les cardiologues sont en effet parvenus à identifier et à contrer un certain nombre de facteurs de risque tels que le tabagisme, l'inactivité physique, le diabète de type 2, l'hypertension … Ces progrès pourraient cependant être annihilés par les effets du changement climatique ».
L’étude explore ainsi comment les températures extrêmes peuvent affecter l’incidence des maladies cardiaques par l’analyse des données de 32 millions de décès cardiovasculaires survenus dans 567 villes de 27 pays sur les 5 continents entre 1979 et 2019. Le changement climatique est associé à des variations plus importantes des températures, jusqu’à des extrêmes chauds et froids. Les chercheurs ont donc comparé les décès cardiovasculaires les jours les plus chauds et les plus froids de chaque ville avec les décès cardiovasculaires les jours où la température était optimale (associée aux taux de décès les plus faibles). L’analyse révèle que :
- pour 1.000 décès cardiovasculaires,
- les journées extrêmement chaudes entraînent 2,2 décès supplémentaires ;
- les journées de froid extrême 9,1 décès supplémentaires ;
- le plus grand nombre de décès supplémentaires est constaté chez les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque (2,6 décès supplémentaires en cas de chaleur extrême et 12,8 en cas de froid extrême).
« 1 décès cardiovasculaire sur 100 peut être attribué aux températures extrêmes,
et les effets de la température s’avèrent encore plus prononcés lorsqu'on examine les décès par insuffisance cardiaque ». Cert effet de l’insuffisance cardiaque pourrait s'expliquer par la nature progressive de l'insuffisance cardiaque rendant les patients de plus en plus sensibles aux effets de la température. Ainsi :
- 1 personne sur 4 souffrant d'insuffisance cardiaque est réadmise à l'hôpital dans les 30 jours suivant sa sortie ;
- seulement 20 % des patients souffrant d'insuffisance cardiaque survivent 10 ans après le diagnostic.
Les expositions environnementales émergentes devraient aujourd’hui être mieux prises en compte dans les modélisations de santé publique, soulignent les experts, en particulier en santé cardiovasculaire.
Cette étude sensibilise ainsi, de manière documentée, à la relation entre le climat et la santé humaine, avec une limite cependant, la sous-représentation des données d'Asie du Sud, du Moyen-Orient et d'Afrique ne permet pas tout à fait d’en tirer des estimations mondiales de l'impact des températures extrêmes sur les décès cardiovasculaires.
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