CHIMIOTHÉRAPIE : Des probiotiques pour nettoyer les toxines
Les bonnes bactéries peuvent atténuer considérablement certains effets secondaires, notamment gastro-intestinaux de la chimiothérapie, révèle cette équipe d’oncologues de la Northwestern University (Chicago). Les chercheurs montrent in vitro et dans la revue mSphere comment ces bactéries intestinales naturelles peuvent nettoyer les toxines liées à la chimiothérapie. Une piste certaine vers des compléments alimentaires permettant de rétablir un microbiote sain et une meilleure qualité de vie chez ces patients.
Pour évaluer à quel point ce processus bactérien naturel de dégradation peut protéger l'ensemble du microbiome, l'équipe de la Northwestern a développé des communautés microbiennes « simplifiées », qui comprenaient différents types de bactéries généralement présentes dans l'intestin humain et déjà documentées pour leurs effets bénéfiques. L'équipe a ensuite exposé ces communautés intestinales à un médicament de chimiothérapie, la doxorubicine et constate en effet une meilleure survie de souches sensibles et utiles à l’équilibre microbiotique.
Adapter la bioremédiation à la dépollution du microbiote intestinal
Les bonnes bactéries savent prendre soin de la santé intestinale : Ces types spécifiques de bactéries intestinales, testés in vitro ici sous forme de communautés, peuvent protéger d'autres bonnes bactéries qui luttent contre la toxicité de certains traitements du cancer en atténuant les changements nocifs induits par la chimiothérapie dans le microbiome intestinal. En métabolisant les médicaments de chimiothérapie, les bactéries protectrices atténuent les effets secondaires à court et à long terme du traitement sans en modifier l’efficacité.
De nouveaux compléments alimentaires, sous forme de probiotiques notamment, sont ainsi envisageables et déjà envisagés par l’équipe pour améliorer la santé intestinale des patients atteints de cancer. En particulier, chez les patients pédiatriques, les changements microbiologiques liés à la chimiothérapie peuvent induire des complications de santé plus tard dans la vie -dont l'obésité, l'asthme et le diabète -.
Le développement d’une nouvelle stratégie pour protéger l'intestin est donc particulièrement importante pour ces jeunes patients.
S’inspirer de la bioremédiation : la bioremédiation utilise des organismes vivants pour dépolluer ou débarrasser des environnements de substances toxiques. Ici, le principe est identique, explique l’auteur principal, Erica Hartmann, chercheur à la Northwestern : « Habituellement, la bioremédiation s'applique aux nappes alluviales mais ici, nous lappliquons cette même technique à l'intestin. Nous savons que certaines bactéries peuvent décomposer les toxines et nous montrons qu’elles peuvent métaboliser les toxines liées aux traitements du cancer et exercer ainsi un effet protecteur pour la communauté microbienne ».
Toute la recherche sur les traitements contre le cancer vise aujourd’hui, au-delà de l’objectif d’efficacité thérapeutique, à réduire les effets secondaires dont font partie les problèmes gastro-intestinaux. Les chimiothérapies, en particulier, peuvent anéantir les « bonnes » bactéries dans l'intestin humain. Les médicaments de chimiothérapie ne font pas la différence entre les cellules cancéreuses et les microbes, cependant certains microbes contribuent à maintenir une bonne santé.
Pouvoir inverser cette perturbation du microbiome intestinal permettra non seulement d’éviter ces effets et leurs complications plus tard dans la vie mais aussi d’améliorer l’observance des chimiothérapies. Ici, par exemple, la bactérie Raoultella planticola, naturellement présente dans l'intestin humain mais en faible abondance, peut décomposer la doxorubicine et protéger l'ensemble du microbiome.
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