CHIMIOTHÉRAPIE : Un probiotique multi-souches pour réduire la diarrhée induite par la chimio
Ces nouvelles données, présentées au Congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO 2018, Munich), montrent qu’une forte concentration de probiotiques multi-souches peut permettre de réduire les épisodes légers à modérés de diarrhée provoquée par la chimiothérapie chez des patients atteints de cancer.
L’auteur principal, le Dr Atul Sharma, professeur d’oncologie médicale à l’Institut indien des sciences médicales (New Delhi), présente les résultats de « la première grande étude randomisée contrôlée par placebo à examiner le rôle du probiotique à souches multiples et à forte dose dans la diarrhée induite par la chimiothérapie ». La chimiothérapie modifie la composition de la microflore intestinale ou microbiote et peut donc entraîner de graves effets secondaires. La diarrhée provoquée par la chimiothérapie est un effet secondaire qui reste néanmoins peu connu, désagréable et parfois sévère. Cette diarrhée peut être associée à une perte de poids, à la malnutrition, à la fatigue et au malaise, à un déséquilibre électrolytique et à une incapacité à administrer la dose complète de chimiothérapie dans les temps. Cela peut également entraîner une perte de liquide corporel, entraînant une lésion rénale aiguë (et rarement le décès).
Afin de déterminer s’il était possible, par supplémentation probiotique d’améliorer l’équilibre de la flore intestinale et d’atténuer ainsi les effets indésirables de la chimiothérapie, l’étude a examiné l’efficacité d’un probiotique multisouches de haute puissance chez les patients atteints de cancers et traités par des fluoropyrimidines et / ou un traitement anticancéreux à base d’irinotécan. Le probiotique multi-souches consistait en un sachet de 900 milliards d'unités formant colonies (UFC) de 4 souches de lactobacilles, de 3 souches de bifidobactéries et d'1 souche de streptocoques thermophiles. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit un sachet de probiotique deux fois par jour (n = 145), soit un sachet de placebo deux fois par jour (n = 146). Le traitement a été commencé 14 jours avant la chimiothérapie et poursuivi pendant deux semaines après le troisième cycle de chimiothérapie. La grande majorité (80%) des patients étaient des hommes, âgés d'environ 46 ans.
Si les résultats n’atteignent pas le seuil de significativité en termes de réduction de l'incidence de la diarrhée sévère, de grade 3 et 4, le probiotique multi-souches a bien permis de réduire l'incidence de la diarrhée, tous grades confondus. De plus, le probiotique a également permis de réduire les niveaux de marqueurs inflammatoires. Précisément l’essai constate :
- une incidence des épisodes de diarrhée de grade 3 de 8,0% pour les patients sous probiotique vs 4,1% pour ceux sous placebo ;
- une incidence des épisodes de grade 4 de 2,0% pour les patients sous probiotique vs 0%, avec le placebo ;
- mais, pour tous degrés de diarrhée confondus, 199 épisodes ont été recensés dans le groupe probiotique vs 220 dans le groupe témoin ;
- l'analyse du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF) sérique, de la clusterine et de la calprotectine fécale montre des taux réduits chez les patients prenant le probiotique multisouche.
Ces données suggèrent que les probiotiques ont le potentiel d'être une approche simple dans la réduction de la diarrhée induite par la chimiothérapie, sous réserve de confirmation par d’autres études. Cependant les chercheurs notent que, les probiotiques étant des micro-organismes vivants, il existe un risque potentiel d’infection iatrogène chez les patients cancéreux immunodéprimés, de sorte que les données de sécurité et les effets indésirables associés à l’administration de probiotiques pourraient influer sur leur rôle futur en matière de prévention de la diarrhée induite par la chimiothérapie.
« On ignore ainsi si les probiotiques utilisés dans cet essai ont une influence positive ou négative sur le système immunitaire, et avant de se lancer dans l'utilisation à grande échelle de probiotiques il s’ait de précise leurs effets sur le système immunitaire ».
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