CICATRISATION : Des jonctions serrées pour une plaie bien fermée
Cette recherche de l'Université de Göttingen (Allemagne) révèle toute l'importance des « jonctions serrées » pour le mouvement cellulaire et la cicatrisation des plaies. Ces travaux expérimentaux, publiés dans la revue Advanced Science, révèlent que lorsque ces jonctions serrées sont manquantes, certaines cellules « bombent » vers le haut alors que leurs voisines sont étirées (Voir visuel). En conséquence, le mouvement cellulaire collectif, nécessaire à la cicatrisation et à l’intégrité de la peau est compromis. Le décryptage de ce mécanisme, proposé dans la revue Advanced Science, éclaire certaines difficultés ou retards de cicatrisation mais pourra également contribuer à la compréhension des mécanismes de certains cancers.
Les jonctions serrées sont des jonctions en forme de ceinture qui entourent la cellule et apportent une étanchéité aux tissus, mais aussi conditionnent la capacité des cellules à se déplacer ensemble en harmonie pour le bon déroulement de nombreux processus biologiques dans notre corps, dont la cicatrisation des plaies. Ce mouvement est rendu possible par les connexions entre les cellules individuelles. Ces connexions quant à elles sont permises par différentes molécules protéiques qui transfèrent les forces et les données nécessaires entre cellules voisines.
Le rôle clé des jonctions serrées dans la cicatrisation
L’équipe de recherche de Göttingen avec des collègues de l'Institut Max Planck démontre ici que des connexions particulièrement rapprochées appelées « jonctions serrées » jouent un rôle important dans le mouvement cellulaire nécessaire à la cicatrisation, à l’épithélialisation et à la fermeture de la plaie.
- La perte de ces jonctions casse le mouvement cellulaire collectif
L'étude : les chercheurs ont donc étudié les connexions entre les cellules en utilisant tout un arsenal de techniques biophysiques. Par microscopie vidéo et analyses automatisées, ils ont pu examiner les propriétés de milliers de cellules vivantes en mouvement pendant plus de 20 heures. Leurs recherches comprenaient l'observation de la taille, de la forme et de la mobilité des cellules. Des protéines spécifiques ont également été colorées pour découvrir ce qui se passe au niveau moléculaire lorsque les connexions de « jonction serrée » sont perdues.
- Si certaines de ces connexions spéciales sont perdues, les cellules voisines ne peuvent plus se coupler comme elles le feraient habituellement. Les cellules individuelles commencent à se contracter très fortement et une sorte de « tir » entre les cellules se développe : « Certaines cellules gagnent et se contractent à des tailles minuscules, tandis que d'autres cellules « perdent » et sont étirées », explique l’auteur principal, le professeur Andreas Janshoff, de l'Université de Göttingen : « Certaines cellules commencent même à se diviser davantage au cours du processus, créant de plus en plus de petites cellules gagnantes. Les cellules contractées ne bougent pratiquement pas, de sorte que l'ensemble du tissu se comporte comme s'il était figé.
- En revanche, lorsque ces jonctions serrées sont fonctionnelles, la couche cellulaire reste très mobile, semblable à de l'eau : Ainsi,
dans les tissus sains, à jonctions serrées fonctionnelles, les plaies peuvent cicatriser efficacement,
et, les cellules épithéliales conservent leur fonction de barrière protectrice.
Ce mécanisme qui induit parfois un bras de fer entre les cellules obère le mouvement cellulaire et de manière critique certaines fonctions biologiques. C’est le cas de la cicatrisation, mais aussi de la division cellulaire. Ainsi, la compréhension des « jonctions serrées » n'est pas seulement essentielle à la celle du mouvement cellulaire et de la cicatrisation, elle pourrait également contribuer à la compréhension de certains cancers.
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