CICATRISATION des plaies : Électrocuter le biofilm pour l'éliminer
L’électrostimulation a le vent en poupe dans le traitement des plaies et précisément pour repousser le risque d’infection. Cette nouvelle étude de l’Université de Washington apporte une nouvelle preuve de l’efficacité de la technique contre un biofilm de bactéries persistantes Pseudomonas aeruginosa, un pathogène responsable d’infections chroniques et sévères chez les patients atteints de maladies pulmonaires, comme la fibrose kystique mais aussi des retards de cicatrisation des plaies chroniques. La résistance bactérienne est un fardeau croissant pour la santé publique. Sur les plaies, les bactéries qui forment le biofilm constituent la configuration bactérienne la plus résistante car les antibiotiques ne pénètrent que partiellement cette couche protectrice. Des sous-populations bactériennes survivent au traitement, restent capables de croître et de se multiplier, entraînant des infections chroniques et des retards de cicatrisation.
Du courant et des antibiotiques : les chercheurs de Washington utilisent ici avec succès un courant électrique faible, en combinaison avec des antibiotiques, pour combattre les infections bactériennes à Pseudomonas aeruginosa résistantes aux médicaments. « Je ne le croyais pas. La combinaison élimine la quasi-totalité des cellules infectées », écrivent les chercheurs. Ils utilisent ici un e-échafaudage, une sorte de bande électronique constituée de tissu conducteur de carbone imprégnée d'antibiotique pour traiter spécifiquement les bactéries résistantes. L'e-échafaudage conduit un courant électrique qui produit une concentration faible et constante de peroxyde d'hydrogène, un désinfectant efficace, à la surface de la plaie. Le peroxyde d'hydrogène perturbe la matrice du biofilm, endommage l'enveloppe et l'ADN des cellules bactériennes, facilite la pénétration de l'antibiotique et booste ainsi son efficacité antibactérienne. Le grand défi relevé par ce dispositif est le contrôle très rigoureux du courant de manière à pouvoir induire la bonne réaction. Le procédé n'entraîne pas d'effet indésirable, il n'endommage pas les tissus environnants et surtout, il se révèle ici efficace à éliminer toute résistance bactérienne. La demande de brevet est déposée et l'équipe met au point le processus de fabrication. Prochaine étape, les essais cliniques.
23 November 2016 doi:10.1038/s41522-016-0003-0 Eradication of Pseudomonas aeruginosa biofilms and persister cells using an electrochemical scaffold and enhanced antibiotic susceptibility
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