CICATRISATION : Mettre l’horloge de son côté pour mieux cicatriser
Les médicaments qui régulent l'horloge circadienne pourraient aider à cicatriser plus rapidement et plus « proprement », pourquoi ? En cause, l'expression du collagène qui peut affecter les plaies dermiques et avoir ainsi un impact sur l'efficacité des processus de cicatrisation. Cette équipe de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) explique, dans la revue Frontiers in Medicine, comment des composés qui ciblent l'horloge circadienne et affectent la synthèse du collagène, contribuent pourraient à améliorer la cicatrisation.
La guérison d’une lésion ou d’une blessure laisse souvent une cicatrice. Et le rôle de la cicatrice elle-même dans la cicatrisation reste sous-estimé : une cicatrice qui ne guérit pas proprement peut être douloureuse ou dérangeante ou encore affecter l'amplitude des mouvements de la partie du corps affectée. Une « mauvaise » cicatrice peut même parfois nécessiter un traitement chirurgical supplémentaire. L’équipe de Los Angeles mettent en lumière ici un nouveau facteur de cicatrisation, l’horloge circadienne.
L’horloge circadienne, un facteur de cicatrisation
Accélérer la cicatrisation : au départ l’objectif des scientifiques était d’identifier des composés capables d'augmenter la vitesse de cicatrisation des plaies cutanées tout en atténuant la formation de cicatrices hypertrophiques. L’auteur principal, le Dr Akishige Hokugo, explique que « les cicatrices peuvent entraîner une détresse émotionnelle car elles forment des rappels permanents du traumatisme initial. Certaines cicatrices nécessitent des révisions chirurgicales, de nouveaux séjours à l'hôpital avec les risques d’infection nosocomiale, de cicatrice hypertrophique…ce qui constitue un fardeau à la fois pour les patients et le système de santé ». Il existe donc un énorme besoin de techniques et de traitements permettant d’améliorer la cicatrisation.
Rappel des 3 étapes de la cicatrisation : la cicatrisation normale des plaies comprend 3 étapes : la phase inflammatoire, la phase proliférative et la phase de maturation. Au cours des deux premières, différents types de cellules migrent vers la plaie :
- les cellules qui protègent contre l'infection,
- puis les cellules qui réduisent l'inflammation,
- puis les cellules qui aident la peau à se reconstruire (épithélialisation).
Au cours de cette phase, les cellules migrent pour combler le lit de la plaie et du collagène est généré pour fournir une structure à ces cellules réparatrices. Mais un dépôt excessif de collagène entraîne des cicatrices plus épaisses, moins élastiques que la peau environnante et pouvant former des excroissances.
Le rôle clé d’un gène d’horloge : lorsque les chercheurs suppriment, chez la souris modèle de plaie, l’expression d'un gène circadien central, Neuronal PAS domain 2 (Npas2), elles cicatrisent guérissent plus rapidement, avec une migration cellulaire accrue et un dépôt de collagène moins excessif. En fait, Npas2 aide à réguler les rythmes naturels du corps. Les blessures reçues à différents moments du cycle circadien guérissent à des rythmes différents, ce que l'on pense être dû aux liens entre les gènes de l'horloge circadienne et le comportement des cellules impliquées dans la cicatrisation. Si les bons types de cellules n'atteignent pas une plaie au bon moment, la guérison est compromise.
« De précédentes études avaient déjà montré que les souris « Npas2 knock-out » sont capables de cicatriser en un temps record mais cette absence de contrôle circadien n'était pas transférable en pratique clinique ».
Des médicaments en vue ? Ici, les scientifiques ont eu l’idée de tester choisi 5 composés déjà approuvés par l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) et censés cibler Npas2. Ces composés, nommés Dwn1, Dwn2, Dwn3, Dwn4 et Dwn5 a été testé in vitro et in vivo pour ses effets sur le développement du collagène. En effet, Dwn1 et Dwn2 modulent à la fois la migration cellulaire et la synthèse de collagène sans endommager les fibroblastes, améliorant la vitesse de migration cellulaire et réduisant l'excès de synthèse de collagène.
D’autres recherches sont nécessaires pour expliquer comment les composés fonctionnent pour accélérer la cicatrisation et tester s'ils fonctionnent bien chez les patients et à quelles doses. Mais traduits en médicaments, ils promettent une cicatrisation plus rapide et plus propre, c’est-à-dire « avec moins de cicatrice ».
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