CICATRISATION : Plusieurs hydrogels valent mieux qu’un

Cette nouvelle colle à hydrogels, ou nouvelle méthode de liaison, mise au point par des bioingénieurs du Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering at Harvard permet une adhésion instantanée et efficace de plusieurs hydrogels. Et cette innovation va faire largement progresser les biomatériaux utilisés dans de nombreux dispositifs médicaux. Ce développement, présenté dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) va notamment permettre d’ajuster la rigidité des hydrogels de manière à mieux les adapter à des tissus spécifiques, par exemple dans les dispositifs de pansement destinés à des zones du corps difficiles à panser.
Les hydrogels sont des biomatériaux polyvalents utilisés dans un nombre croissant de domaines biomédicaux. Constitués de réseaux moléculaires gonflés par l'eau, ils peuvent être adaptés de manière à imiter les caractéristiques mécaniques et chimiques de différents organes et tissus, de manière également à s'interfacer avec le corps et sur ses surfaces externes sans causer de dommages, même sur les « parties » les plus délicates de l'anatomie humaine. Les hydrogels sont utilisés en pratique clinique pour
- l’administration thérapeutique de médicaments destinés à lutter contre les agents pathogènes;
- dans les lentilles intraoculaires et de contact, dans les prothèses cornéennes en ophtalmologie ;
- dans les ciments osseux,
- les produits coagulants
- les matrices ou échafaudages 3D pour l'ingénierie et la régénération tissulaires
- et enfin, pour les pansements.
Lier ou coller rapidement et fortement différents hydrogels reste un défi
C’est aussi un besoin non résolu, car sans cette possibilité, l’adhérence reste limitée, les temps de fixation plus longs, et les procédures complexes. L'obtention d'une adhésion rapide de plusieurs polymères pourrait permettre de nombreuses applications, notamment
- le développement d’hydrogels combinés adaptés à des tissus spécifiques,
- notamment des organes ou parties du corps difficiles à panser.
L’étude : l’équipe du Wyss Institute a développé une méthode simple et polyvalente pour lier instantanément et efficacement des couches constituées de types identiques ou différents d’hydrogels et d'autres matériaux polymères à l’aide d’un mince film de chitosane : un matériau fibreux à base de sucre dérivé des squelettes des coquillages. La nouvelle approche a été testée dans plusieurs situations :
- le refroidissement protecteur local des tissus,
- le scellement de lésions vasculaires et de plaies,
- la prévention des « adhérences chirurgicales » indésirables.
L’un des auteurs principaux, David Mooney, chercheur en bioingénierie commente ces recherches : « les films de chitosane, avec leurs capacités à assembler, affiner et protéger efficacement les hydrogels dans le corps et au-delà, ouvrent de nombreuses opportunités pour créer des dispositifs de pansement, de médecine régénérative et de dispositifs chirurgicaux. La rapidité, la facilité et l'efficacité avec lesquelles ils peuvent être appliqués en font des composants
très polyvalents pour les processus d'assemblage in vivo dans des délais souvent courts
lors d'interventions chirurgicales, par exemple ".
Des « adhésifs résistants » ont ainsi été développés par l'équipe, qui consistent en
hydrogels étirables pour faciliter la cicatrisation des plaies
et la régénération des tissus en adhérant fortement aux surfaces des tissus humides et en se conformant aux contraintes mécaniques des tissus. propriétés. « Les adhésifs résistants et les hydrogels non adhésifs formulés avec précision nous offrent aujourd’hui, ainsi qu'à d'autres équipes de recherche, de nouvelles opportunités pour améliorer les soins aux patients. Combiner deux ou plusieurs hydrogels dans des assemblages plus complexes à l’aide du chitosane permet d’obtenir des forces d’adhésion entre les hydrogels qui dépassent considérablement celles créées par les approches traditionnelles de liaison par hydrogel.
Quelques exemples d’applications : ces adhésifs résistants modifiés avec des films de chitosane peuvent désormais
- être facilement enroulés autour de formes cylindriques comme un doigt blessé ;
-
constituer des bandages auto-adhésifs avec de grands avantages dans les soins des plaies ;
- refroidir localement la peau humaine sous-jacente, avec à la clé, des traitements alternatifs des brûlures ;
- sceller des lésions de l'intestin, des tendons et des tissus nerveux périphériques sans se lier aux tissus eux-mêmes et sans former d’adhérences fibrotiques ;
- sceller une aorte blessée et augmenter la résistance globale du scellement, exposé aux forces mécaniques cycliques des pulsations sanguines.
Cette nouvelle technologie ouvre donc une nouvelle ère dans l'ingénierie des dispositifs biomédicaux à hydrogels, ce qui pourrait conduire à des solutions élégantes pour différents problèmes non résolus en cicatrisation et en médecine régénérative et chirurgicale- dont de nombreux patients pourraient bénéficier
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