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COMMUNICATION PATIENT : 11 secondes, le droit moyen du patient à la parole ?

Actualité publiée il y a 6 années 3 mois 3 jours
Journal of General Internal Medicine
•	70% des patients qui ont la chance de pouvoir décrire leurs symptômes sont interrompus et, en moyenne dans les 11 secondes suivant le début de leur intervention

Combien de temps écoutez-vous vos patients ? En moyenne, les patients ont environ 11 secondes pour expliquer les raisons de leur consultation avant d'être interrompus par leur médecin. Seul un médecin sur 3 offre à ses patients l'opportunité d’expliquer la situation. Bref, cette étude de l'Université de Floride et de la Mayo Clinic montre à quel point la priorité chez certains médecins est d’accélérer la consultation. Une conclusion documentée dans le Journal of General Internal Medicine et qui vaut tout particulièrement chez les médecins spécialistes.

 

Les chercheurs ont filmé les consultations et analysé les premières minutes entre 112 patients et leurs médecins.

 

Les constatations sont frappantes :

  • les médecins invitent leurs patients à définir leur motif de consultation, à travers des questions du type « Comment allez-vous ? » ou « Que puis-je faire pour vous ? » ;
  • cependant, les patients sont fréquemment interrompus avant d’avoir achevé leur réponse ! Seuls 36% se disent en mesure d’expliquer la situation ;
  • 70% des patients qui ont la chance de pouvoir décrire leurs symptômes sont interrompus et, en moyenne dans les 11 secondes suivant le début de leur intervention ;
  • et ceux qui ne sont pas interrompus disent avoir achevé leur présentation en 6 secondes environ ;
  • les médecins généralistes (de soins primaires) accordent en général plus de temps à leurs patients que leurs confrères spécialistes et ils ont un peu moins tendance à interrompre leurs patients ;
  • de nombreux spécialistes expliquent pouvoir passer cette étape d'introduction parce qu'ils savent déjà pourquoi le patient les consulte ; « Cependant », commentent les auteurs, « même en cas de visites régulières chez le spécialiste, il est inestimable pour le médecin de chercher à cerner les préoccupations spécifiques du patient, liées à sa maladie ou à son mode de prise en charge ».
  • la fréquence des interruptions dépend bien évidemment, non seulement de la spécialité, mais aussi de la complexité de chaque cas patient. Les auteurs précisent : « quand c’est fait avec respect et en gardant à l'esprit l’intérêt du patient, les interruptions du discours du patient peuvent permettre de clarifier les résultats de santé et d’apporter des soins mieux personnalisés ».

 

 

En cause, dans cette trop faible prise de parole du patient en consultation, les contraintes de temps et la recherche d’efficience, le manque de formation sur la communication patient, l'épuisement professionnel des médecins. Néanmoins, soulignent les auteurs, une approche davantage centrée sur le patient doit rester la priorité :

 

« Nos résultats suggèrent que nous sommes très loin d’apporter des soins centrés sur le patient ».


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