COMPÉTENCES : Ouvrir le spectre d'expertise des généralistes, mais comment ?
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) occupent la première place des maladies professionnelles et sont la seconde cause d’invalidité. S’ils constituent l'une des questions les plus préoccupantes en santé au travail, ils sont aussi l’un des motifs les plus fréquents de consultation chez le médecin généraliste. En particulier, en cas d’accès limité au médecin spécialiste. Cependant,
-leur prise en charge nécessite des compétences particulières, en particulier parce qu'ils recouvrent de multiples pathologies ;
-leur prise en charge échoit fréquemment aux médecins de ville.
Accroître l'expertise des médecins généralistes sur ces types de pathologies pourrait considérablement réduire les dépenses de santé. Cette méta-analyse a regardé quelles interventions, auprès des généralistes de ville pouvaient améliorer leur comportement de prise en charge, et les résultats chez les patients.
Ces conclusions présentées dans la Library Cochrane, suggèrent des pistes pour mieux former les professionnels de soins primaires amenés à élargir leur expertise et leur exercice à des domaines plus spécialisés.
Les chercheurs ont sélectionné dans la littérature 30 études portant sur l'efficacité de diverses interventions professionnelles destinées aux généralistes exerçant en ville, visant à améliorer la prise en charge (diagnostic et traitement) des pathologies musculo-squelettiques. Ces études apportent une mesure objective du comportement des praticiens, des résultats de leurs patients et des coûts de prise en charge. Parmi les 30 études sélectionnées, 11 évaluent des interventions visant à améliorer la prise en charge de l'ostéoporose, 10 portent sur les lombalgies, 4 sur l'arthrose, etc…En combinant les différentes données, les auteurs tirent les conclusions suivantes, toutes pathologies confondues :
-alerter le généraliste en cas de patient souffrant de TMS, lui rappeler les facteurs de risque et éduquer les patients sur ces mêmes facteurs de risque, en leur rappelant de consulter régulièrement leur généraliste, permet d'améliorer les comportements des médecins que ce soit au niveau du diagnostic ou de la prescription de médicaments ;
-en revanche la formation théorique des généralistes et la communication de protocoles standards n'améliorent que peu ou pas du tout le comportement clinique des médecins,
-des directives sur les examens à pratiquer, peuvent avoir un léger effet de réduction du nombre d'examens ; tout comme des retours d'informations sur le nombre total d'examens qu'ils ont eux-mêmes demandés ;
-ainsi, la communication de directives et de rappels aux généralistes accompagnant les comptes-rendus d'examens peut favoriser une réduction, modeste mais durable, du nombre d'examens ;
-la formation (FMC) des médecins généralistes par des confrères faisant autorité en la matière apparaît très efficace ;
-la formation (FMC) des généralistes à la prise en charge de la douleur permet indirectement d'améliorer les résultats cliniques des patients ; mais ce n'est pas le cas avec la formation à l'utilisation des échelles de douleur ;
-former les médecins généralistes aux infiltrations n'apporte que peu ou pas d'amélioration de la capacité fonctionnelle des patients ;
-Globalement (12 études sur les 30 analysées) montrent peu d'amélioration du comportement des généralistes ou des résultats des patients, quelles que soient les interventions.
Au final, le système d'alerte (attention, patient à TMS), un retour d'informations des praticiens sur leur propre comportement, la diffusion des lignes directrices, bref des mesures simples directement liées à l'exercice, semblent pouvoir améliorer légèrement les comportements des médecins en soins primaires dans la prise en charge de troubles complexes comme les TMS. Des directions à tester, pour renforcer les compétences des généralistes, en particulier dans les zones moins dotées en spécialités.
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