CONTINENCE: Pour une prise en charge conservatrice chez les résidents en EHPAD
Mener une étude sur les effets d’une prise en charge « conservatrice » et personnalisée de la continence chez les résidents en EHPAD n’est pas chose aisée, car on ne peut échapper, chez ce groupe d’âge, à une certaine détérioration de la continence et de la capacité cognitive. Cependant, cette étude australienne de la Continence Foundation laisse espérer des bénéfices et en termes de qualité de vie pour les résidents et en termes d’économies pour les établissements. Une prise en charge conservatrice de l'incontinence peut, en effet, dans de nombreux cas apporter des effets positifs, mais à condition d’être poursuivie sur le long terme.
L'étude a donc tenté d'évaluer l'efficacité d'une stratégie conservative de la continence chez 68 femmes âgées souffrant d'incontinence urinaire mais présentant une capacité cognitive préservée, résidentes en EHPAD. La stratégie conservative consiste en la délivrance d'une éducation « thérapeutique » et l'apport de conseils spécialisés destinés à maintenir au maximum les niveaux de continence actuels des résidents. Cependant, dans cette étude, ce suivi n'a duré que durant 12 semaines. Les auteurs ont évalué les effets de la stratégie sur l'amélioration de la continence, la réduction des coûts liés aux soins de continence, et sur la qualité de vie des résidents. Une des conditions importantes de l'étude était la tenue des journaux mictionnels : les auteurs soulignent que cette tenue s'avère souvent assez difficile chez ce groupe de résidents âgés. Enfin, la fréquence mictionnelle des résidents n'a volontairement pas été modifiée. L'expérience montre :
· une petite diminution des fuites d'urine, soit en moyenne de 60 ml par 24 heures,
· une réduction du nombre de protections utilisées, soit en moyenne 4 par semaine et par résidente,
· une amélioration de la qualité de vie évaluée par le test International Consultation on Incontinence Short Form (ICIQ-SF).
Ø Autre résultat important, former les soignants à l'utilisation de la protection adaptée et aux soins d'hygiène et de continence participe à l'amélioration de la qualité de vie perçue par les participantes.
· Enfin, le coût de ce suivi conservateur et personnalisé est estimé pour les 12 semaines à un peu plus de 220 euros par résidente.
L'expérience confirme que pour un coût de départ minime, une thérapie conservatrice de la continence, adaptée à chaque résident est de nature à réduire, à court terme, l'importance et la fréquence des fuites, ici chez des résidents dans déficience cognitive.
Et à plus long terme ? 10 à 20 mois après la fin de l'étude, 41 participantes ont pu être réévaluées pour leur continence. L'utilisation plus économe de protections plus adaptées n'est pas maintenue à long terme et a regagné son niveau de départ. Chez 8 participantes, le volume quotidien des pertes d'urine est toujours réduit, cependant il a empiré chez 22 autres résidentes. Enfin, durant cette seconde période de suivi, la capacité cognitive de la plupart des participantes s'est détériorée. Les auteurs notent la difficulté d'évaluer les données de continence chez ce groupe à fragilité croissante et à mortalité élevée.
Loin de conclure à l'inefficacité à long terme des stratégies conservatrices en matière de continence, ils soulignent la nécessité de les poursuivre, jusqu'au bout de la vie, à la fois pour contribuer à maintenir un certain bien-être chez les résidents mais également dans l'esprit d'une gestion plus économe de la prise en charge, en EHPAD, de l'incontinence. En bref, il s'agit de pouvoir offrir les meilleurs soins aux meilleurs coûts.
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