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CORTICOÏDES : Leurs effets sur la substance blanche et la matière grise

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 2 semaines
BMJ Open
Les anti-inflammatoires stéroïdiens ou corticoïdes sont liés à des changements structurels et de volume dans la matière blanche et grise du cerveau (Visuel Adobe Stock 16709890)

Les anti-inflammatoires stéroïdiens ou corticoïdes sont liés à des changements structurels et de volume dans la matière blanche et grise du cerveau, révèle cette équipe de pharmacologues et de neurologues, qui suggère dans le British Medical Journal (BMJ) Open que ces associations peuvent contribuer à expliquer les effets secondaires neuropsychiatriques après une utilisation à long terme.

 

Les propriétés immunosuppressives des corticoïdes, une classe de stéroïdes synthétiques, en font des médicaments très couramment prescrits pour un large spectre de conditions médicales. La prévalence annuelle de cette utilisation dans les pays riches est estimée comprise entre 0,5 % et 3 %. En dépit de leur efficacité, les corticoïdes, notamment inhalés ont déjà été associés à de nombreux effets secondaires métaboliques, cardiovasculaires et musculosquelettiques parfois sévères, ainsi qu'à des effets neuropsychiatriques.

 

De précédentes études ont notamment suggéré que leur utilisation à long terme pouvait être associée à des anomalies structurelles et au rétrécissement de certaines zones du cerveau. Mais ces études ont généralement été menées sur des échantillons très modestes d’utilisateurs, et atteints de conditions spécifiques. La question subsiste donc des effets cérébraux de l’exposition prolongée aux corticoïdes sur des groupes plus larges d’utilisateurs, dont ceux qui utilisent des stéroïdes inhalés pour l'asthme.

Des effets secondaires neuropsychiatriques courants des corticoïdes

L’étude : l’analyse des données de la UK Biobank, soit d’un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans a évalué les différences de volume et de structure du cerveau entre les utilisateurs et les non-utilisateurs. de stéroïdes systémiques et inhalés. L’équipe a également regardé si l'utilisation de stéroïdes pouvait être associée à des différences de vitesse de traitement et de réponses émotionnelles. L’analyse a porté finalement sur les IRM cérébrales de 222 patients prenant des stéroïdes systémiques et de 557 des stéroïdes inhalés, comparées à celles de 24.106 témoins non-utilisateurs. Aucun des participants n'avait été diagnostiqué avec des troubles neurologiques, psychiatriques ou hormonaux (endocrinologiques) ou ne prenait de médicaments psychotropes, tels que des antidépresseurs. Les participants ont également renseigné par questionnaire, différents aspects de leur humeur au cours des 15 jours précédents. Cette analyse révèle que :

 

  • l'utilisation de stéroïdes systémiques et inhalés est associée à une structure de substance blanche -impliquée dans la connectivité neuronale et la signalisation dans le cerveau- moins intègre que celle observée sur les IRM des non-utilisateurs ;
  • ces effets sont plus marqués en cas de mode d’administration systémique qu’en cas d’inhalation ;
  • ces effets sont également plus marqués chez les utilisateurs à long terme.
  • l'utilisation systémique est associée à un noyau caudé -une des zones d’entrée de données venant du cortex- plus volumineux, vs par rapport à l'absence d'utilisation,
  • l'utilisation par inhalation, à une amygdale de plus petite taille, une autre « structure » de matière grise dans le cerveau impliquée dans le traitement cognitif et émotionnel ;
  • les utilisateurs de stéroïdes systémiques obtiennent également de moins bons résultats à un test de mesure de la vitesse de traitement que les non-utilisateurs ;
  • ces mêmes utilisateurs déclarent plus de symptômes dépressifs, d'apathie, d'agitation et de fatigue/léthargie que les non-utilisateurs ;
  • les utilisateurs de stéroïdes inhalés signalent également plus de fatigue/léthargie, mais dans une moindre mesure que les utilisateurs de stéroïdes systémiques.

 

Il existe probablement une relation causale entre l'utilisation de corticoïdes et les changements dans le cerveau même si « la nature transversale de cette étude ne permet pas de tirer des conclusions formelles sur la relation de cause à effet », concluent les auteurs.

Et « bien qu'il ne soit pas clair si les tailles d'effet observées ont des conséquences cliniques, ces résultats peuvent expliquer les effets secondaires neuropsychiatriques courants des corticoïdes synthétiques ».

 

Compte tenu de l’utilisation très courante de ces médicaments, les médecins et les patients doivent être conscients des risques possibles pour le cerveau, expliquent les chercheurs, qui appellent à la recherche d'options thérapeutiques alternatives.


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