COVID-19 : 1 patient hospitalisé sur 2 développe une complication
Cette étude décrite comme la plus complète à ce jour sur les complications de COVID-19, menée auprès de plus de 70.000 participants britanniques hospitalisés pour une forme sévère de la maladie, révèle que plus de la moitié d’entre eux ont développé une ou plusieurs complications au cours de leur hospitalisation. L’étude, publiée dans le Lancet, révèle que si les plus âgés sont les premiers touchés, certaines complications n’épargnent pas les adultes plus jeunes.
Parmi les complications les plus courantes figurent notamment les complications rénales, respiratoires complexes et systémiques, cardiovasculaires, neurologiques, gastro-intestinales et hépatiques. Des données qui confirment les conclusions de précédentes études sur le spectre extrêmement large des symptômes possibles de la maladie.
Ces taux élevés de complications concernent tous les groupes d'âge et souvent au point d’entraver le fonctionnement au quotidien. L’auteur principal, le Pr Calum Semple de l’Université de Liverpool commente ces données : « Nos travaux contredisent les rapports actuels selon lesquels COVID-19 n'est dangereux que chez les personnes présentant des comorbidités ou plus âgées. La sévérité de la maladie à l'admission est un prédicteur de complications même chez les jeunes adultes, donc la prévention des complications nécessite une stratégie de prévention primaire, c'est-à-dire la vaccination ».
32 % des participants sont décédés
Cette étude observationnelle a été menée auprès de plus de 70.000 personnes hospitalisées pour COVID-19 dans 302 hôpitaux britanniques. Les données ont été recueillies par des infirmières et des étudiants en médecine, et comprenaient l'âge des participants, le sexe et les résultats de santé et les comorbidités (l'asthme, les maladies cardiaques, hématologiques, rénales, neurologiques, rhumatologiques, pulmonaires chroniques, le VIH/SIDA, le cancer, la maladie du foie, l’obésité et le tabagisme…). Des données ont également été recueillies sur les complications respiratoires, neurologiques, cardiovasculaires, rénales, gastro-intestinales et systémiques pendant le séjour à l'hôpital ainsi que sur le degré d’autonomie des patients à leur sortie de l'hôpital. L’analyse révèle que :
- sur les 73.197 patients ayant achevé l’étude, 56 % étaient des hommes, 81 % avaient un problème de santé sous-jacent, 74 % étaient d'origine ethnique blanche et l'âge moyen était de 71 ans ;
- 32 % des participants sont décédés ;
- 1 personne sur 2 hospitalisées avec COVID-19 a développé au moins une complication, y compris chez 44 % des participants qui ont survécu ;
- 85% des participants avaient un test RT-PCR SARS-CoV-2 positif, et les patients qui n'avaient pas de test positif ont enregistré des taux similaires ou légèrement inférieurs de complications à l'hôpital ;
- Si l'incidence des complications augmente avec l'âge, l’incidence est élevée, même chez les individus jeunes et auparavant en bonne santé :
- 27% des 19-29 ans et 37% des 30-39 ans ont développé au moins une complication ;
- 13% des 19-29 ans et 17% des 30-39 ans se sont montrés dans l’incapacité de s'occuper d'eux-mêmes une fois sortis de l'hôpital ;
- les complications les plus fréquentes étaient rénales (24%), respiratoires (18 %) et systémiques (16%). Des complications cardiovasculaires ont été signalées chez 12 % des participants, des complications neurologiques chez 4 %, gastro-intestinales ou hépatiques chez 11% ;
- les complications ont été plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes, les hommes âgés de plus de 60 ans étant le groupe le plus susceptible de développer au moins une complication (femmes de 60 ans et plus : 48 % et hommes 55 %) ;
- les personnes d'origine ethnique blanche, sud-asiatique et est-asiatique présentaient des taux de complications similaires ;
- après l'hospitalisation, 27 % des patients avaient perdu en capacité de prendre soin d'eux-mêmes, une perte d’autonomie plus fréquente chez les personnes âgées, les hommes et les personnes ayant reçu des soins intensifs ;
Une nouvelle incitation à la vaccination ? L'étude, menée entre janvier et août 2020 avant que les vaccins ne soient largement disponibles et avant l’émergence des variantes préoccupantes sensibilise donc aux effets pouvant être sévères chez certains jeunes adultes en bonne santé- dont beaucoup à ce jour ne sont pas vaccinés.
C’est une nouvelle alerte lancée aux décideurs, car ces effets souvent sévères, et durables, pourraient bien peser fortement sur nos systèmes de santé et de soutien social. C’est aussi un appel à définir des protocoles de suivi et de prise en charge adaptés, ces complications étant différentes des symptômes COVID de longue durée chez les patients atteints de COVID-19 qui n'ont pas été hospitalisés.
Ainsi, soulignent les chercheurs, les décideurs politiques devraient tenir compte du risque de complications et pas seulement de décès, en particulier pour les décisions concernant les mesures de prévention et de distanciation, et, à cette heure, concernant leur assouplissement.