COVID-19 : Alors, quelle immunité naturelle et vaccinale contre les nouveaux variants ?
Quelle est l’étendue de la protection conférée par une précédente infection à SARS-CoV-2 ou par la vaccination, contre les nouveaux variants B.1.1.7 et B.1.351, détectés respectivement au Royaume-Uni et en Afrique du Sud ? Cette question essentielle pour déterminer la meilleure stratégie visant l’immunité collective, a déjà fait l’objet de recherches, de la part notamment des laboratoires fabricants de vaccins qui travaillent déjà à un vaccin le plus « universel » possible. Cette équipe française y revient et confirme, dans la revue Nature Medicine, que si le variant « britannique » est neutralisé de façon presque identique au virus de référence, son homologue « sud-africain » nécessite des concentrations 6 fois plus élevées d’anticorps pour être neutralisé. Avec des implications quant à l’efficacité des vaccins actuels contre les variants à propagation plus rapide et notamment contre la souche sud-africaine.
En décembre 2020, le variant anglais (B.1.1.7) était détecté dans le sud-est de l’Angleterre et le variant sud-africain (B.1.351) dans 3 provinces d’Afrique du Sud. Aujourd’hui ces variants se sont propagés respectivement dans 94 et 48 pays, démontrant une infectiosité élevée -et une virulence qui reste encore à évaluer.
Les vaccins moins efficaces contre le variant sud-africain ?
Les chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le CHR d’Orléans, le CHRU de Tours, le CHI de Créteil, le CHU de Strasbourg et l’Hôpital Européen Georges Pompidou ont évalué la sensibilité de ces deux variants aux anticorps neutralisants présents dans les sérums de personnes précédemment infectées par le SARS-CoV-2 ou vaccinées. Ils identifient donc une différence de vulnérabilité face au variant sud-africain, chez les personnes ayant été précédemment infectées ou vaccinées contre le SARS-CoV-2.
Les chercheurs ont travaillé à partir de virus « authentiques » et non de pseudovirus, soit de variants B.1.1.7 et B.1.351 fournis par le Centre National de Référence des virus des infections respiratoires hébergé à l’Institut Pasteur et de sérums de patients précédemment infectés ou vaccinés. A l’aide d’un nouveau test de neutralisation, l’équipe française montre que :
Chez des participants précédemment infectés,
- le variant anglais (B.1.1.7) est neutralisé par 95% des sérums de ces participants infectés recueillis jusqu'à 9 mois après l’apparition des symptômes ; soit des résultats similaires à ceux obtenus pour la souche d’origine D614G ;
- le variant sud-africain (B.1.351) est neutralisé dans 40% des sérums de patients ayant été infectés par le SARS-CoV-2- recueillis jusqu'à 9 mois après l’apparition des symptômes ; des concentrations environ 6 fois plus élevées d’anticorps apparaissent nécessaires pour neutraliser le variant sud-africain (B.1.351) vs D614G.
- « Certains variants, comme le Sud-africain ont acquis une résistance partielle aux anticorps produits après une infection naturelle. Cette perte d’efficacité est surtout visible chez les individus avec de faibles niveaux d'anticorps » commente l’un des auteurs principaux, Olivier Schwartz.
Chez des participants vaccinés avec le vaccin de Pfizer-BioNTech,
- 2 semaines après la première injection du vaccin, le sérum n’est neutralisant que contre la souche D614G,
- à partir de 3 semaines après la première injection du vaccin contre la souche britannique B.1.1.7 mais de manière moins efficace que contre D614G,
- à partir de 4 semaines ou plus, contre la souche sud-africaine B.1.351
- mais 4 semaines après la première injection du vaccin, les sérums des participants vaccinés sont presque aussi efficaces contre le variant anglais que contre la souche de référence (D614G) mais restent moins efficaces contre le variant sud-africain.
« Il y a eu un retard dans l’apparition d'anticorps neutralisants contre B.1.1.7. L’efficacité des anticorps neutralisants pour la souche B.1.351 est plus faible » expliquent Sylvie van der Werf responsable du Centre National de Référence des virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur et Thierry Prazuck chef de service Maladies Infectieuses au CHR d’Orléans, principaux co-auteurs de l’étude.