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COVID-19 : Cancer du sang et vulnérabilité extrême

Actualité publiée il y a 3 années 2 mois 2 jours
Cancer Cell
Les personnes atteintes de cancer du sang ne sont que très faiblement protégées par une double vaccination contre le COVID-19 (Visuel Adobe Stock 411803402)

Les personnes atteintes de cancer du sang ne sont que très faiblement protégées par une double vaccination contre le COVID-19, conclut cette étude de biologistes et virologues du King's College de Londres qui constate une mauvaise réponse immunitaire chez ce groupe de patients. Ces nouvelles données, publiées dans la revue Cancer Cell, révèlent ainsi que la double vaccination laisse sans protection ou presque, un peu plus de la moitié des patients atteints de ces types de cancer.

 

Il s’agit de l'essai SOAP-02, mené par des équipes du King's College, du Francis Crick Institute, avec le soutien de Cancer Research UK qui suit le niveau de protection immunitaire après un rappel du vaccin Pfizer chez 159 participants, dont 128 atteints de cancer, 72 patients de cancer solide et 56 de cancer du sang. L'étude évalue la production d'anticorps (séroconversion) et leur fonction (neutralisation du virus), ainsi que les réponses des lymphocytes T après une deuxième dose retardée du vaccin  (12 semaines vs 3 semaines). L'évaluation des taux de patients obtenant à la fois une séroconversion et une bonne réponse des lymphocytes T révèle la vulnérabilité extrême des patients atteints d'un cancer du sang.

Une vulnérabilité particulière des patients atteints de cancer du sang

  • Chez ces patients, la première dose induit un taux de séroconversion (développement d'anticorps contre le SRAS-CoV-2) <20% ;
  • l'administration de la deuxième dose augmente les taux de séroconversion mais 57 % ne montent pas une réponse immunitaire suffisante contre SARS-CoV-2 : seulement 36% d'entre eux obtiennent des réponses en anticorps et en lymphocytes T vs 78% des patients atteints de cancer solide et 88% des témoins en bonne santé.

 

Le cancer du sang, une situation clinique bien particulière ? Alors que de précédentes études ont suggéré que retarder un peu la deuxième injection -chez des personnes en bonne santé- améliore la réponse immunitaire, on peut se demander si la stratégie pourrait aussi améliorer la réponse immunitaire de ces patients atteints de cancer. Cette étude montre que ce n'est pas le cas : la réponse à la première dose de vaccin est faible chez les patients atteints de cancer, le report de la 2è dose de vaccin ne fait que prolonger leur période d’extrême vulnérabilité.

 

Quelle stratégie vaccinale pour ces patients ? En l'absence de protection de ces patients par la vaccination, les auteurs soutiennent l'urgence du 3è rappel, en particulier à une époque de très forte transmission de virus- ici au Royaume-Uni. Ensuite, les chercheurs britanniques insistent sur l’importance chez ces patients, du port du masque et de la distanciation sociale en particulier en cas de foule, dans les transports en commun par exemple. Enfin, il est clair que la vaccination des enfants d'âge scolaire qui sont en contact avec ces patients atteints de cancer du sang ou d'autres personnes à risque élevé serait également bienvenue.

Un 3è rappel pour tous les patients atteints de cancer ?

La question se pose aussi, dans une certaine mesure, pour les patients atteints d’autres types de cancer : Les patients atteints de cancer solide, tels que les cancers du sein, de la vessie ou de la peau montrent également de faibles réponses à la vaccination à dose unique, avec seulement 38 % de taux de séroconversion. Cependant, contrairement aux patients atteints de cancer du sang, ces patients parviennent à monter de fortes réponses après une deuxième injection.

 

L'auteur principal, le professeur Adrian Hayday du King's College de Londres et du Francis Crick Institute conclut : « Les vaccins contre le SRAS-CoV-2 sont un succès extraordinaire, mais pas pour tous. De nombreux patients atteints de cancer restent en grande partie sans protection, la société devrait donc poursuivre le port du masque et la distanciation et nous, scientifiques, devrions travailler à des vaccins plus efficaces chez les patients atteints de cancer ».

 

« Nous ne devons pas oublier les patients vulnérables qui auront besoin de mesures durables contre le virus ».